Ville ou banlieue? Saint-Jean victime des choix individuels

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Jonathan Poirier

Éditeur/Rédacteur en chef
jonathan.poirier@arcf.ca

Taxes plus basses et grands terrains… Les raisons individuelles de s’éloigner de Saint-Jean sont légitimes. Le hic? Ces choix individuels ont des impacts collectifs majeurs.

De nombreuses raisons peuvent inciter les gens à s’installer en périphérie et accentuer l’étalement urbain: le prix inférieur des maisons, la grandeur des propriétés et de leurs terrains, des taxes municipales moins élevées, le désir d’être plus près de la nature, etc. Mais ces décisions individuelles ont des impacts collectifs majeurs.

Ainsi, pour desservir les citoyens habitant de plus en plus loin du coeur des villes, les administrations municipales doivent augmenter les dépenses pour construire plus de routes et de trottoirs, de conduites d’aqueduc et d’égouts, etc. (voir tableaux). Les dépenses reliées à la collecte des déchets, au déneigement, à la sécurité publique et aux incendies, entre autres, augmentent aussi en raison des plus grandes distances à parcourir pour assurer ces services essentiels.

Pour des populations comparables à Fredericton et Moncton, Saint-Jean possède un réseau d’infrastructures beaucoup plus grand. Par exemple, Saint-Jean possède 14 barrages comparativement à 2 pour Moncton et aucun à Fredericton. Elle compte aussi 72 stations de pompage des eaux usées tandis que Fredericton en a 32 et Moncton seulement 11. Son réseau d’égouts est aussi beaucoup plus long, soit 445km par rapport à 380km et 381km.

Vocation régionale

D’autres raisons expliquent également le besoin de la Ville de Saint-Jean d’imposer des taux de taxes foncières plus élevées que ses voisines: certaines infrastructures, tels le Centre aquatique ou l’aréna TD Station, ont une vocation régionale et leurs coûts d’exploitation sont assumés par ses seuls contribuables bien que les gens de toute la région en profitent.

De plus, une grande partie des résidants des municipalités environnantes travaillent à Saint-Jean, ce qui crée des besoins de routes et d’espaces de stationnement supplémentaires que la municipalité doit payer.

Selon les données recueillies par le professeur d’urbanisme Yves Bourgeois, 40% des cartes de stationnement émises par la ville de Saint-Jean en 2011 ont été attribuées à des non-résidents. Ces dépenses additionnelles contribuent donc à l’augmentation de la pression fiscale exercée sur les contribuables saint-jeannois sans affecter ceux habitant en dehors du centre urbain.

Attraits urbains

Certaines personnes choisissent tout de même de continuer d’habiter à Saint-Jean ou d’y déménager. Et pour cause, estime le commissaire adjoint du Service de la croissance et du développement communautaire de la Ville de Saint-Jean Philippe Ouellette. « Même si nous avons le taux de taxes le plus élevé au Nouveau-Brunswick, notre ville a quand même une valeur de proposition intéressante», plaide-t-il. « Plusieurs styles de vie sont offerts et nos édifices patrimoniaux sont mis en valeur. De plus, nous avons Saint John Energy qui offre des coûts d’électricité 10% moins élevés qu’Énergie NB à nos résidants ».

En plus de faire valoir ces attraits, la Ville de Saint-Jean a amorcé la mise en place de plusieurs mesures visant à réduire la pression fiscale sur sa population dans son plan d’urbanisme adopté en 2011. Sa principale et plus audacieuse mesure consiste à concentrer la majorité de son développement immobilier futur dans un rayon de 77 kilomètres carrés.

Une autre avenue pour résoudre le problème réside dans la volonté de la ville et de ses municipalités environnantes de régionaliser certains services et regrouper des organismes afin d’optimiser les dépenses et les sources de revenus.

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