Une jeunesse diversifiée dans Saint-Jean-Havre

Qui a dit que la jeunesse était blasée par la politique? Certainement pas Mariah Darling du Parti vert, David Hickey du Parti libéral et Kenneth Proctor du Nouveau Parti démocratique, qui en sont à leurs premières armes sur la scène provinciale.

Les paris sont ouverts pour savoir qui remplacera l’ancienne ministre Arlene Dunn, qui a quitté le navire en début d’année. Le jeune candidat progressiste-conservateur, Adam Smith, qui fut au cours des trois dernières années adjoint spécial et adjoint exécutif pour divers ministres ainsi que pour le leader parlementaire du gouvernement du Nouveau-Brunswick, n’a pas répondu présent pour partager ses réponses aux questions du Saint-Jeannois.

En revanche, trois de ses adversaires ont fait preuve de générosité dans leurs réponses.

Originaire de Saint-Jean, Mariah Darling est une personne militante et organisatrice communautaire. Iel présente sa candidature pour le Parti vert à Saint-Jean-Havre. Crédit: Gracieuseté du Parti vert du Nouveau-Brunswick.

À commencer par Mariah Darling du Parti vert, qui se présente d’emblée comme étant queer et trans. Vivant et travaillant à Saint-Jean-Havre, ses études universitaires l’ont amené.e à décrocher un bac en sciences à l’UNBSJ et à lui permettre de travailler dans la recherche médicale. «Il est important pour moi de me présenter avec le Parti vert, car mes valeurs sont en accord avec ses principes notamment en ce qui concerne les notions de justice sociale et d’égalité.»

Il y a cinq ans, quand il s’est fait élire au conseil municipal de Sain-Jean, David Hickey en devenait ainsi le plus jeune membre. À 29 ans, il considère maintenant que les vrais défis sont au parlement de Fredericton. «Quitter mon rôle de conseiller pour prendre le poste de député de Saint-Jean-Havre est une étape cruciale pour obtenir davantage de résultats pour cette ville.»

Pour Kenneth Proctor, «l’empathie et la compréhension sont la pierre angulaire» de ce qu’il est. Souhaitant vivement être un agent de changement, cette campagne électorale lui permet de rencontrer ses électeurs et d’instaurer avec eux une véritable confiance, «en écoutant les histoires les plus vulnérables de notre communauté». Autiste également, il souhaite montrer «aux autres personnes neurodivergentes qu’il y a une place dans la politique pour ceux qui sont comme moi.»

Santé, itinérance, droit au logement, disparité sociale

Tous ces symptômes qui affectent les citoyens ordinaires se retrouvent dans les mots des trois candidats. Ce sont les moyens pour atténuer ceux-ci qui diffèrent, mais la volonté semble cependant au rendez-vous pour les trois.

Selon Mariah Darling, c’est clair : «Nous devons agir en proposant des solutions qui aident les gens à s’en sortir, en commençant par des mesures telles que le plafonnement des loyers, la modification du mode d’évaluation de l’impôt foncier pour les logements locatifs, le partenariat avec le gouvernement fédéral pour mettre en œuvre un revenu de base universel (RBU), et en veillant à ce que notre système de santé soit en mesure de créer et de maintenir des cliniques de soins collaboratifs.»

«Avec 400 personnes vivant dans la rue dans notre communauté, il est urgent d’agir sur le logement, la santé mentale et les services de lutte contre les dépendances, affirme David Hickey. Nous avons besoin d’un gouvernement qui reconnaisse cela et soit prêt à agir rapidement.»

Faire de la politique pour Kenneth Procter, c’est se battre pour que les gens cessent de vivre dans des tentes, lutter contre la toxicomanie ou travailler comme député à permettre que le monde ordinaire réussisse à joindre les deux bouts à Saint-Jean-Havre. Crédit: Gracieuseté du Nouveau Parti démocratique du Nouveau-Brunswick.

«Mes priorités pour la circonscription sont, quel que soit le résultat, de me concentrer sur la défense de ses intérêts d’une manière vraie et honnête.» Pour y arriver, Kenneth Proctor dit avoir proposé à chacun de ses adversaires la mise sur pied de tables rondes, qui se tiendraient régulièrement, afin de partager des idées et réduire ainsi le clivage politique dans la circonscription. «C’est une valeur qui a été très bien accueillie et partagée par tous les candidats de la circonscription. Même le candidat du PC, Adam Smith, aimerait y participer tout en reconnaissant la nécessité d’y faire des compromis.»  L’autre grande priorité pour le néo-démocrate, c’est de s’attaquer à la crise du logement. Sans toutefois apporter des solutions concrètes, c’est selon lui, «le problème le plus important, le plus urgent et le plus visible dans ma circonscription, et auquel il faut s’attaquer immédiatement.»

Aller vers l’autre

Au-delà des avenues empruntées par chacun des candidats interrogés pour combattre les injustices, que ce soit la suppression de la taxe carbone, la réduction de la TVH ou la mise en place de mesures pour mettre un frein à l’augmentation des loyers, ce trio de jeunes politiciens.nes montre que des consensus peuvent sans doute être possibles entre différents courants politiques.

Pour le libéral David Hickey, il est important pour Saint-Jean-Havre qu’il y ait «un partenariat provincial qui reconnaisse que les investissements dans les infrastructures soutiennent notre croissance, comme le logement et les écoles.» Crédit: Gracieuseté du Parti libéral du Nouveau-Brunswick.

Si David Hickey lance à la blague que «le bleu est beaucoup plus facile à assortir pour les vêtements que le rouge» à la suite de la question sur un élément positif à adopter d’un adversaire, tous s’entendent pour saluer l’importance du soutien de la communauté aux idées démocratiques. Et que les campagnes postales contre les transgenres n’ont aucunement leur place au Nouveau-Brunswick. «Je pense que nous devrions nous concentrer sur des élections portant sur des questions et des politiques réelles, plutôt que d’utiliser la peur pour diviser les gens», de soutenir Mariah Darling.