Une grande célébration pour souligner 40 ans d’engagement francophone à Saint-Jean

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André Magny

Journaliste

C’est dans une atmosphère empreinte d’émotion, de bonne humeur et de fierté que la communauté de Saint-Jean a célébré les 40 ans de l’Association Régionale de la Communauté francophone (ARCf), le 20 mars dernier, au Centre scolaire-communautaire Samuel-de-Champlain. 

Fondée en 1985 pour défendre l’accès aux services en français et renforcer le sentiment d’appartenance, l’ARCf a, bien sûr, été célébrée en chansons avec des artistes issus de la communauté comme France Maillet, la famille Babineau, Jacob Chevarie, Marcel Caissie ou encore Christine Violette, tout ce beau monde étant réuni au Théâtre Louis-Vermeersch.

À lire aussi: Du Conseil communautaire Samuel-de-Champlain à l’ARCf de Saint-Jean: une association au service de sa communauté

En première partie de ce florilège d’artistes francophones, la foule nombreuse – au-delà de 350 personnes – a su apprécier, à la fois les vidéos d’antan comme les discours de circonstance présentés par l’animateur de la soirée, Gérald Arseneault.

Non seulement, la lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick, Louise Imbeault, avait tenu à être présente, mais outre certains conseillers municipaux, on y a aussi vu le très francophile ministre des Gouvernements locaux et ministre responsable de Services Nouveau-Brunswick, Aaron Kennedy. Il a souhaité devant l’assistance que les choses aient changé pour le mieux en 40 ans pour les francophones de Saint-Jean: «J’espère que vous savez que vous êtes une grande tranche dans notre gâteau des communautés!», a-t-il lancé quelque peu à la blague, tout en rappelant que pour la première fois en six ans, il y avait maintenant une première ministre bilingue au Nouveau-Brunswick.

De son côté, le directeur général de l’ARCf, Michel Côté, a tenu à souligner que la soirée du 40e se tenait en même temps que la Journée internationale de la Francophonie. Le slogan de cette année étant pour Saint-Jean «Ma francophonie en harmonie», le DG a tenu à rappeler que «nous avons su au cours des dernières années collaborer avec nos amis anglophones de notre belle région pour voir à l’avancement des divers services et activités en français.»

Une pionnière au cœur de la fondation

Arrivée du Québec il y a 40 ans à Saint-Jean, l’enseignante Gaétane Lévesque a vu la naissance de l’ARCf. Son cœur est maintenant acadien! Crédit: gracieuseté de Gaétane Lévesque.

Le Saint-Jeannois a profité du 40e pour discuter davantage avec certaines personnes assistant à la soirée d’anniversaire.

Bénévole active depuis quatre décennies, la Québécoise Gaétane Lévesque se souvient de cette époque fondatrice: «On s’est dit, tant qu’à faire une école, pourquoi pas avoir un centre communautaire?!» L’idée, audacieuse à l’époque, a donné naissance au deuxième centre scolaire communautaire de la province. «Ça permettait de joindre des gens de 7 à 77 ans, même plus jeunes, parce qu’on avait une garderie», raconte-t-elle.

À une époque où les services en français étaient quasi inexistants à Saint-Jean, l’ARCf a été un rempart précieux: «On n’avait pas de services en français, mais on a joué des coudes. L’ARCf a été fondée pour ça», se rappelle Mme Lévesque, avec une énergie qui témoigne de sa passion intacte.

L’engagement de cette ancienne enseignante ne s’est pas limité au bénévolat ponctuel. Elle a siégé au conseil d’administration, contribuant à créer des ponts entre la communauté, les organismes et les médias.

Un président tourné vers l’avenir

Le président du CA de l’ARCf, Philippe Richard, au moment de son allocution le 20 mars dernier pour souligner les 40 ans de l’organisme qu’il préside. Crédit: gracieuseté de Philippe Richard.

Arrivé à Saint-Jean en 2006, M. Philippe Richard est aujourd’hui président du conseil d’administration de l’ARCf. Avocat de formation, il a tissé des liens profonds avec la communauté francophone de la région. «Je suis arrivé ici sans trop connaître la communauté. Mais tranquillement, on s’est enracinés, ma femme et moi. On a eu une fille ici, j’ai développé ma pratique, et j’ai appris à connaître les francophones d’ici.»

Pour lui, la soirée du 40e anniversaire a été un moment de grande émotion: «C’était vraiment bien de voir les gens qui ont marqué l’histoire de l’ARCf. Beaucoup de souvenirs sont remontés.»

Il souligne aussi l’importance d’accueillir les nouveaux arrivants francophones avec dignité et engagement: «L’arrivée de nouveaux arrivants est extrêmement positive. Mais ce serait dommage si on les laissait sans option viable en français. Il faut leur permettre de s’épanouir, de contribuer à la communauté.»

Les prochains défis

Bénévole depuis deux décennies pour l’ARCf, la motivation est toujours aussi présente pour Guy Léger. Crédit: gracieuseté de Guy Léger.

Comme beaucoup de francophones à Saint-Jean, Guy Léger est arrivé d’ailleurs. Lui, c’était de Montréal, il y a 25 ans. Acadien de naissance, l’ancien président de l’ARCf sait combien il est essentiel pour la survie des francophones de savoir bien accueillir les nouveaux arrivants de la francophonie: «Lorsqu’on est invité à partager leurs cultures, ça nous fait autant de bien à nous qu’à eux quand ils partagent nos cultures. Ce qui nous fait chaud au cœur, c’est de voir qu’après dix ans, les familles réalisent concrètement qu’ils sont mieux au Canada que dans leur pays.»

Ce vent d’espoir ne veut pas dire absence de futurs défis pour l’ARCf. Guy Léger mentionne qu’il doit y avoir des nouvelles résidences pour les personnes âgées francophones, avec évidemment des soins en français. Il faut être aux aguets.

«L’immigration francophone au Nouveau-Brunswick est un enjeu de plus en plus important pour la survie du français», affirme Nicole Arseneau-Sluyter (à gauche), aux côtés d’Ide Muriel Kembou Djoufack, étudiante à l’Université du Nouveau-Brunswick, à Saint-Jean. Crédit: gracieuseté de Nicole Arseneau-Sluyter.

Et il y a l’école. Samuel-de-Champlain déborde. Il a fallu installer des roulottes. Nicole Arseneau-Sluyter, ancienne employée de l’ARCf, et présidente de la SANB, abonde dans le même sens que M. Léger. «S’il n’y a pas de CPE et d’écoles en français, c’est là que l’assimilation commence. J’en ai connu des Arseneault, des LeBlanc, qui ont perdu leur français, faute d’écoles.»

À cet égard, Philippe souligne que l’ARCf a eu, depuis l’arrivée du nouveau gouvernement «une rencontre très constructive avec la ministre de l’Éducation. Elle a visité nos lieux, vu les services, mais aussi nos besoins. On continue de faire valoir que ceux-ci sont importants.»

Néanmoins, en cette soirée de festivités, la joie était au rendez-vous pour Mme Arseneau-Sluyter. Elle a d’ailleurs eu une pensée espiègle pour l’ancien premier ministre Richard Hatfield qui avait dit, selon elle, au moment de l’inauguration du Centre scolaire-communautaire Samuel-de-Champlain: «N’en faites pas un éléphant blanc…» Avec plus de 1 000 événements organisés en 40 ans, démonstration est faite que les francophones ont saisi l’occasion de s’approprier leur ARCf et de faire en sorte comme le mentionnait la jeune Fannie Fournier, élève de 11e année à Samuel-de-Champlain et membre du conseil étudiant: «Le français n’est pas juste une langue que nous parlons, mais c’est une langue que nous vivons.»

Retour en photos de Claude Emond

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