Une communauté LGBTQ2SA+ francophone peu visible à Saint-Jean

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Rémi Richard

Pigiste
IJL APF - Saint-Jeannois

Comme francophones, il est parfois difficile d’avoir de la visibilité et ce défi se présente encore plus pour la communauté francophone LGBTQ2SA+ à Saint-Jean, qui inclut tous ceux qui diffèrent de l’attirance au genre opposé et/ou de la même identité de genre qu’assignée à la naissance.

À Saint-Jean, il n’y a déjà pas beaucoup pour la communauté LGBTQ2SA+ en français. En tant que ressources, il n’y a qu’un club scolaire local et le district scolaire francophone pour offrir des formations pour sensibiliser le public en français. Aux parades de fierté, la présence francophone est assimilée au reste.

 

Un club scolaire pour sensibiliser

Pour comprendre ceci, on peut regarder au Centre scolaire Samuel-de-Champlain où existe un club d’alliance gai-hétéro pour les élèves, récemment renommé AGH. Ce club, dont les membres peuvent faire partie de la communauté ou être des alliés, peuvent varier beaucoup de cohorte à cohorte et font plusieurs activités de sensibilisation au public. Parmi celles-ci, il y a des discussions sur la diversité des genres, surtout sur les différences entre celui identifié à la naissance et l’attitude des gens se prononçant sur eux-mêmes. Quoiqu’on interchange souvent les termes, le genre est différent du sexe, ce dernier n’étant qu’une catégorie physiologique. Le genre, lui, est plutôt une identité sociale et alors, certaines personnes peuvent s’identifier d’une façon qui n’est pas strictement homme ou femme.

En effet, même le gérant, Simon Paulin remarque avoir vu du progrès parmi les étudiants depuis la sensibilisation:

«On a fait de la sensibilisation sur la diversité de genre à des 2e à 6e années, et comment ce que les jeunes vivent n’est pas nécessairement comment ils se sentent». Toutefois, il reste encore du travail à faire, car, comme le mentionne M. Paulin: «Saint-Jean a encore parfois une mentalité de petite ville. Par exemple, quand la mairie a fait lever le drapeau de la fierté, plusieurs ont dit Pourquoi ils doivent être fiers? et Pourquoi ils ont besoin d’une journée à eux?».

Quoique la pandémie ait ralenti les activités du club autant que beaucoup d’autres organisations, il y a là encore beaucoup d’ambitions. Par exemple, M. Paulin affirme:

«Avant la pandémie, on avait un projet d’inclure tous les drapeaux de la communauté [à l’école] […] pour montrer la diversité d’orientations et d’identités». Il encourage aussi la participation à une parade de fierté, pour les élèves intéressés.

Le gérant du club AGH mentionne tout de même qu’une absence de services en français existe à Saint-Jean et que les organismes de fierté n’ont pas de services en français. L’absence de visibilité pourrait se situer dans la tendance à être bilingues des étudiants, les permettant de se camoufler parmi le reste de la ville, selon lui. Il ajoute: Il y a beaucoup d’activités pride en anglais, mais la communauté francophone pourrait essayer de se rendre plus présente».

 

Difficile de créer un espace francophone LGBTQ2SA+

Quoiqu’il manque une représentation unique aux francophones LGBTQ2SA+, le sujet est nuancé. Ricky McIntyre, un clinicien privé qui travaille avec la communauté explique:

«C’est difficile parce que tu ne veux pas créer un espace francophone en éliminant la population anglophone. […] si tu crées un espace qui est seulement pour la communauté LGBTQ francophone, tu te ramasses à exclure le côté de tous les anglophones de ce comité-là. […] c’est délicat comme balance, surtout quand je regarde le monde de la communauté que je travaille avec, il y a beaucoup de couples exogames».

Quoi qu’une place à la langue française puisse se faire facilement, un espace séparé est plus compliqué. Une croissance de la communauté francophone pourrait alors donner plus de courage à fièrement être soi-même dans sa langue et dans toutes autres aspects de sa vie.

 

Lisez aussi: Manque de services aux francophones transgenres: un problème généralisé

 

Photo:

La mairesse de Saint-Jean, Donna Reardon, lors de la cérémonie de la levée du drapeau de la Fierté à l’hôtel de ville du 3 août 2021. Crédit : Ville de Saint-Jean.

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