Saint-Jean Portland-Simonds: une succession conservatrice?

Dans ce comté de quelque 12 000 électeurs, trois principaux candidats vont s’affronter le 21 octobre pour succéder à Trevor Holder, l’un des anciens ténors du Parti conservateur.

Qui du conservateur Paul Dempsey, du libéral John Dornan ou de PJ Duncan des Verts occupera le siège détenu pendant 25 ans par l’ancien ministre conservateur?

Paul Dempsey a passé plus de 35 ans dans les Forces canadiennes, en particulier dans la Marine, ainsi qu’en tant que diplomate à Cuba et au Mexique au poste d’attaché à la défense. C’est dans le monde de la médecine et comme gestionnaire du Réseau Santé Horizon que John Dornan a fait sa marque. Quant à PJ Duncan, il a plus de vingt ans d’expérience en gestion de projets dans des secteurs comme les télécommunications tout en portant intérêt à la santé mentale et au logement abordable.

S’engager pour la communauté…

Chacun à leur manière, les trois disent vouloir s’investir auprès de leurs commettants s’ils sont élus. La forme peut prendre évidemment différentes voies selon chacun.

PJ Duncan, candidat vert dans Saint-Jean Portland-Simonds. Crédit: Gracieuseté.

Quand on demande à PJ Duncan ce qui serait le plus important pour le comté, il confie que ce serait la non-violence. Quand il avait 16 ans, un de ses amis a été assassiné, alors qu’il rentrait simplement chez lui. «L’assassin et la famille de mon ami ont participé à un programme de justice réparatrice auquel j’ai eu la chance de prendre part. La guérison qu’il a apportée à toutes les parties a été incommensurable.» Il poursuit avec un autre objectif: «Je choisirais la démocratie participative. Nous devons changer la perception selon laquelle tous les politiciens sont identiques les uns aux autres.»

En ce qui concerne le candidat conservateur, Paul Dempsey estime qu’il mettra la priorité sur «les soins de santé, l’éducation, le logement et l’aide aux personnes âgées.» Le résident de la circonscription précise d’ailleurs qu’il est «extrêmement heureux qu’une nouvelle école [anglophone] de la maternelle à la cinquième année, avec un centre communautaire, soit livrée à la circonscription de Portland-Simonds en 2027.»

Quant à John Dornan, ses principales priorités sont l’accès une éducation de qualité, aux soins de santé et la possibilité d’acquérir un logement abordable. «Pour notre parti, cela comprend le plafonnement des loyers et un changement dans notre système d’impôt foncier.»

…et pour le Centre scolaire Samuel de Champlain aussi?

Le Dr John Dornan, candidat libéral dans Saint-Jean Portland-Simonds. Crédit: Gracieuseté.

D’entrée de jeu, c’est John Dornan qui s’exprime sur le sujet. Puisque le Centre scolaire est rempli à près de 110%, la construction d’une nouvelle école francophone serait-elle envisageable? Il est d’accord avec le fait que «le surpeuplement des écoles aux ressources insuffisantes constitue un problème majeur.» Selon lui, «de plus en plus de familles et d’élèves souhaitent une éducation en langue et culture françaises», d’où son soutien, en règle générale, à une augmentation de l’espace pour des classes en français. Cependant, M. Dornan ne sait pas si cela va jusqu’à signifier «l’agrandissement de Samuel-de-Champlain ou la construction d’une nouvelle école.» Cependant, il s’engage «à en discuter avec le conseil scolaire local.»

Du point de vue de PJ Duncan, face à la création d’une nouvelle école de langue française, il dit qu’il aurait besoin de se documenter davantage pour bien comprendre la situation.

Quant à Paul Dempsey, au moment où sont écrites ces lignes, ils n’avaient pas encore répondu à cette question, malgré trois tentatives du Saint-Jeannois.

Soyons démocrates

Pendant une campagne électorale, on parle inévitablement de chiffres. Pour ou contre la taxe carbone? Oui ou non à la baisse de la taxe de vente harmonisée (TVH)?  Combien souhaitez-vous de nouveaux logements dans votre circonscription?

Si la taxe carbone est décriée par M. Dempsey et son premier ministre, elle l’est beaucoup moins par Dr Dornan qui la considère comme «un moyen de lutter contre le réchauffement climatique». En ce qui a trait à la TVH, c’est une réduction de 15 à 13% pour M. Dempsey. Selon le militaire de carrière, «cette mesure permettra à une famille moyenne de quatre personnes d’économiser jusqu’à 1 000$ par an.» Par contre, pour le candidat libéral, il vaut bien mieux construire de nouveaux logements, supprimer la taxe sur l’électricité et veiller au plafonnement des loyers, car «ce sont de meilleures solutions et plus utiles aux citoyens qu’une réduction de la TVH.»

Quant au candidat vert, il a l’honnêteté d’avouer – la naïveté diront certains – qu’il n’est pas «aussi bien informé » qu’il pourrait l’être «sur les détails des taxes, y compris la taxe carbone», mais il apprécierait «de voir le Parti vert à l’œuvre dans la construction de logements».

Si les candidats ne s’entendent pas nécessairement sur les chiffres, en revanche l’exercice de communication a pu montrer que dans l’ensemble, les trois étaient capables de reconnaître certaines qualités dans les camps adverses. Alors que Paul Dempsey pense très diplomatiquement «que tous les partis politiques s’efforcent d’améliorer la qualité de vie de nos concitoyens, mais en mettant l’accent sur des domaines différents et en fixant des priorités différentes», John Dornan salue «les préoccupations et la promotion du développement durable et de la protection de l’environnement du Parti vert» ainsi que le souci «d’équilibrer les budgets». Enfin, PJ Duncan manifeste du respect à l’égard des libéraux qui ont choisi le Dr Dornan comme candidat.