Remaniement ministériel: les francophones ont le vent en poupe

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Inès Lombardo et Marianne Dépelteau

Journalistes
redaction@francopresse.ca

Hormis Mona Fortier, les ministres francophones en situation minoritaire ont su tirer leur épingle du jeu au sein du nouveau Cabinet de Justin Trudeau.

Comme annoncé dans les jours précédents le remaniement, sept têtes importantes ont été coupées au sein de la nouvelle équipe ce 26 juillet. Sept nouvelles les remplacent, dont plusieurs élus torontois. Sur 39 ministres, 23 changent de portefeuille.

Ex-ministre du Tourisme, Randy Boissonnault reprend les Langues officielles, ainsi que l’Emploi et le Développement de la main-d’œuvre. Photo : Marianne Dépelteau

Les francophones en situation minoritaire auront su en majorité rester au Cabinet. C’est le Franco-Albertain Randy Boissonnault qui reprend non seulement les Langues officielles, mais aussi l’Emploi et le Développement de la main-d’œuvre.

Cela indique que le portefeuille des Langues officielles, qui a détaché d’autres portefeuilles uniquement sous le mandat de Ginette Petitpas Taylor, devient moins conséquent après l’adoption de la Loi sur les langues officielles en juin dernier. L’Acadienne hérite quant à elle des Anciens combattants et est promue comme associée à la Défense nationale.

Un autre francophone de l’Atlantique reprend un portefeuille décisif : Dominic LeBlanc s’occupera désormais de la Sécurité publique, en plus des Affaires intergouvernementales et des Institutions démocratiques.

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Dans un communiqué, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) a offert sa «collaboration» aux ministres Randy Boissonneault et Anita Anand, qui reprend le Conseil du Trésor : «Maintenant que la nouvelle Loi a reçu la sanction royale, il faut penser aux décrets et à la prise de règlements pour la mise en œuvre.»

En revanche, la Franco-Ontarienne Mona Fortier sort du Cabinet. Nommée en 2021, celle qui était à la tête du Conseil du Trésor laisse sa place après une gestion compliquée de la grève des fonctionnaires, ce printemps. L’ancienne ministre n’a pas précisé si elle était candidate aux prochaines élections.

Au Québec, plusieurs élus prennent du galon, à l’instar de Pablo Rodriguez. Après avoir tenu tête aux géants du web à Patrimoine canadien (PCH), il devra désormais le faire avec les grandes compagnies de transports.

Il laisse ainsi le Patrimoine à Pascale St-Onge, anciennement responsable des Sports. La députée québécoise s’était fait remarquer dans sa gestion des scandales qui ont éclaté dans le sport canadien, en particulier à Hockey Canada.

Changements majeurs

Sean Fraser, député de Nova—Centre, troque le ministère de l’Immigration contre celui du Logement. Marianne Dépelteau.

En Atlantique, le Néoécossais Sean Fraser laisse le portefeuille de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté Canada (IRCC) pour reprendre celui du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités, perdu par Ahmed Hussen. Son mandat a notamment été marqué par l’atteinte de la cible d’immigration francophone hors Québec.

Juste après sa nomination, Sean Fraser a assuré que sa politique de catégories spécifiques menée le mois dernier permettra d’attirer des immigrants qui ont «des compétences en construction», pour répondre à la crise du logement qui sévit au pays.

C’est son collègue anglo-québécois, Marc Miller, qui récupère IRCC. Le Congrès des Peuples autochtones du Canada (CPA) avait demandé sa démission en tant que ministre des Relations Couronne-Autochtones, l’accusant d’avoir ignoré et exclu les Métis et Inuits du sud du Labrador pendant des années.

«Nous avons également hâte de travailler avec le ministre Miller pour une politique en immigration francophone assortie de cibles ambitieuses pour rétablir et faire croitre le poids démographique de la francophonie», a déclaré le vice-président de la FCFA, Yves-Gérard Méhou-Loko.

Changements majeurs pour les francophones

Quant au dossier chaud de l’entente sur les garderies, qui ne garantit pas un minimum de places pour les francophones en situation minoritaire, ou de manière inégale au pays, ce sera désormais à la nouvelle venue Jenna Sudds, nommée à la tête du ministère Famille, Enfants et Développement social, de s’en charger.

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La Santé est reprise par l’ancien leadeur du gouvernement à la Chambre, Mark Holland, à la place du Québécois Jean-Yves Duclos, qui lui hérite de Services et Approvisionnements. Ce dernier devra notamment gérer le souci des blessures et du manque d’effectif au sein des interprètes de la Colline.

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L’ex-ministre de la Justice, David Lametti, tire sa révérence et quitte le Cabinet, emboitant le pas à Mona Fortier, Joyce Murray (Pêches et Océans), Helena Jaczek (Services Publics et Approvisionnements), Carolyn Bennett (Santé mentale et Dépendances) et Marco Mendicino (Sécurité publique).

Dans un français truffé de fautes, ce dernier a déclaré sur Twitter : «Je suis fier du travail que j’ai accompli en tant que ministre de l’immigration et de la sécurité publique. […] Je suis très reconnaissante envers les gens de mon compté, que j’ai bien l’intention de continuer à servir jusqu’à la fin de ce mandat, me présenter aux prochaines élections et au-delà.»

Marco Mendicino avait multiplié les faux pas, entre autres sa gestion de la Loi sur les armes à feu et le transfert du criminel Paul Bernardo.

Sept nouveaux venus

Le Cabinet compte sept nouveaux ministres, dont la majorité est issue du Grand Toronto, un bastion libéral : Gary Anandasangaree (Relations Couronne-Autochtones), Arif Virani (Justice et procureur général du Canada), Ya’ara Saks (Santé mentale) et Rechie Valdez (Petite Entreprise).

Justin Trudeau a également nommé l’Ottavienne Jenna Sudds, à la tête de Famille, Enfants et Développement social, l’élu britanno-colombien Terry Beech au nouveau portefeuille de Services aux citoyens, et la montréalaise Soraya Martinez Ferrada, qui prend la tête du ministère du Tourisme. Elle devient aussi responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec.

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