Pour rester vivante, la recherche francophone a besoin de sortir des murs de l’université. Dans l’épisode consacré à l’Acfas-Acadie du balado Le savoir et le dire, produit par l’Acfas, trois générations de chercheuses et de chercheurs reviennent sur leur contribution à la vitalité de la francophonie scientifique en Acadie.
Contenu commandité par l’Acfas
Le professeur à la retraite en physique à l’Université de Moncton Francis Weil s’est investi dans l’Acfasdans les années 1970 en tant que président et vice-président. Il a par la suite été aux premières loges de la création de la section acadienne en 1987.
Celui qui a également été doyen de la Faculté des sciences de l’Université de Moncton a notamment participé à l’organisation d’expositions et de présentations dans les écoles du Nouveau-Brunswick pour promouvoir les sciences auprès de différents publics.
Il raconte qu’à son arrivée à Moncton, en 1968, il a été surpris d’un commentaire d’une dame qui s’étonnait du fait que la physique puisse s’enseigner en français au Nouveau-Brunswick. «Dans son esprit, la physique ne pouvait s’enseigner qu’en anglais. Elle était complètement persuadée de ceci», raconte-t-il.
La section régionale de l’Acfas-Acadie, pilotée principalement à partir de l’Université de Moncton, a connu de grands succès jusqu’à la fin des années 2000.
Après une période de dormance de près de 10 ans, l’Acfas-Acadie connait un nouveau souffle depuis 2019 grâce à Selma Zaiane-Ghalia, professeure à l’École de kinésiologie et de loisir de l’Université de Moncton.
Dans le souci d’élargir la diffusion des savoirs en français et de briser l’isolement des communautés scientifiques de l’Atlantique, Selma Zaiane-Ghalia a invité les chercheuses et chercheurs francophones des établissements postsecondaires de la région à se joindre à la section régionale de l’Acfas.
Depuis, l’Acfas-Acadie accueille des scientifiques de la plupart des universités des provinces de l’Atlantique.
«J’avais donc vu l’importance de l’histoire acadienne en Nouvelle-Écosse, mais je savais aussi qu’il y avait la présence francophone ailleurs à l’Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve-et-Labrador. Donc, je me suis dit : “Pourquoi ne pas couvrir toute la région de l’Atlantique et aller chercher mes collègues francophones et francophiles?”», indique Selma Zaiane-Ghalia.
Le savoir et le dire : itinéraires de la recherche en français
L’Acfas et ses six sections régionales présentent le balado Le savoir et le dire : itinéraires de la recherche en français. La série propose un voyage d’ouest en est en six épisodes pour explorer les défis, les avancées et les espoirs de la communauté scientifique francophone au pays.
Tous les épisodes se trouvent sur acfas.ca et sur votre plateforme de baladodiffusion préférée.
Élargir son réseau
La relance de l’antenne acadienne a permis de créer un espace de rencontre et de partage pour les chercheuses et les chercheurs francophones et francophiles de l’Atlantique, comme Réanne Cooper, diplômée de la maitrise en gestion de l’Université de Moncton et représentante étudiante de l’Acfas-Acadie en 2021-2022.
Son expérience à l’Acfas lui a permis d’élargir son réseau, mais aussi ses perspectives en tant que chercheuse. «Ça m’a montré l’importance de la communauté et de faire communauté en recherche. Parfois, tu peux travailler seul pour très longtemps, surtout dans mon cas, on était une très petite cohorte à la maitrise. C’est donc vraiment important de pouvoir échanger avec ces instances-ci», explique-t-elle.
Car diffuser la recherche en français en Acadie peut présenter des défis, notamment parce que certaines personnes préfèreront participer à des colloques en anglais et qu’il y a une grande importance accordée au fait de publier en anglais.
Des défis permanents
Continuer de parler de sa recherche en français en contexte minoritaire reste un combat.
«Ça demande beaucoup, beaucoup de sacrifices au niveau personnel, témoigne Selma Zaiane-Ghalia. On laisse passer des opportunités de présenter nos travaux en anglais, sachant que les opportunités francophones ne sont pas aussi nombreuses.»
«Les périodiques les plus réputés sont les périodiques anglophones, ajoute Francis Weil. C’est une chose qui est un peu malheureuse parce que ça décourage la diffusion de certaines matières scientifiques en français.»
Mais si la diffusion entre pairs se fait souvent en anglais, il existe selon lui un autre réseau de partage : «Faire connaitre la matière au public d’une façon générale. Et là, c’est important de le faire dans la langue maternelle de l’auditoire. Je pense qu’il y a un appétit au pays pour pouvoir entendre et découvrir les résultats de recherches en français.»
Écoutez l’épisode L’Acadie : Faire communauté pour la relève
L’engagement de la relève
La relève joue aussi un rôle majeur dans la promotion de la recherche en français. Sa participation active à des initiatives telles que le concours de vulgarisation scientifique Ma thèse en 180 secondes ou la Semaine des jeunes chercheurs montre que la jeune génération s’engage activement à diffuser et à valoriser ce savoir.
Celle-ci est d’ailleurs présente au sein des conseils des sections régionales de l’Acfas. «Sans la relève, nous ne sommes rien. En fait, nous sommes là pour la relève», appuie Selma Zaiane-Ghalia.
Réanne Cooper a vu l’importance d’organiser des évènements interdisciplinaires, comme les colloques, pour penser l’avenir de la recherche, mais aussi faire vivre la communauté.
Les chercheuses et les chercheurs s’accordent pour dire qu’il faut continuer à s’investir et à valoriser la recherche pour pouvoir mieux la promouvoir et la faire vivre au sein de la communauté acadienne.
«L’amour de la science, ça doit aller aussi avec l’amour de vouloir diffuser la science et de faire en sorte que l’ensemble des personnes qui composent le pays puissent profiter de la science», remarque Francis Weil.
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