Une longue présence afro-canadienne au Nouveau-Brunswick

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Jonathan Poirier

Éditeur/Rédacteur en chef
jonathan.poirier@arcf.ca

Mois de l’histoire des NoirsAfin de souligner le Mois de l’histoire des Noirs, le Saint-Jeannois consacre son dossier spécial de février à rappeler quelques moments marquants de l’établissement des personnes de race noire dans le sud du Nouveau-Brunswick. Nous vous ferons en plus découvrir des personnalités marquantes

Dans la communauté francophone de Saint-Jean, plusieurs personnes proviennent de pays d’Afrique dont le français est une langue courante. Bien qu’ils soient peu nombreux au Nouveau-Brunswick, les Canadiens d’origine africaine sont présents depuis très longtemps dans notre province. Rappel d’une histoire méconnue.

En juin prochain, l’organisation New Brunswick Black History Society célèbrera ses 10 ans d’existence. Affiliée à l’organisme communautaire PRUDE Inc. (Pride of Race, Unity and Dignity through Education), celle-ci retrace et documente des siècles d’histoire peu connue du grand public.

Pour Ralph Thomas, coordinateur de projets chez New Brunswick Black History Society et président de PRUDE Inc., ce qui a rallumé sa flamme de retracer l’histoire des Noirs loyalistes en Atlantique est son expérience au conseil d’administration du village historique de King’s Landing. Il déclare : «Lorsque j’étais dans le CA de King’s Landing, il n’y avait rien sur l’histoire des Noirs. Nous savions que la famille Gordon, dont la maison était située à Fredericton, était d’origine afro-américaine. Nous savions qu’il y avait un certain intérêt de la mettre en valeur. Et ce malgré l’absence de plan de mise en oeuvre. Puisque la vraie maison était en trop mauvaise condition pour être déménagée, nous avons travaillé sur un projet qui a été approuvé pour la construction d’une réplique. Celle exposée à King’s Landing est identique parce que nous avions à notre disposition les plans de construction de l’originale.»

Deux vagues d’immigration

Se donnant le titre de la «ville des Loyalistes», Saint-Jean a accueilli un grand nombre de Britanniques loyaux à la reine d’Angleterre lors de la Révolution américaine de 1775 à 1783. Selon le gouvernement du Nouveau-Brunswick, une caractéristique peu connue des Loyalistes est qu’ils étaient composés d’environ 10% de personnes noires. Ces Loyalistes noirs, qui se sont établis dans la région vers 1783, étaient des esclaves ou des personnes affranchies. Ils l’avaient été en échange de leurs services pour l’Empire britannique dans ses combats contre les rebelles américains.

Une deuxième période d’immigration noire a eu lieu entre 1812 et 1815 durant la guerre anglo-américaine de 1812. Durant ce conflit, l’Empire britannique a utilisé la même technique contre les Américains. Promettre aux esclaves noirs de les affranchir s’ils donnaient leur allégeance à la Reine. Selon Ralph Thomas, de nombreux Afro-Américains ont accepté l’offre de combattre les Américains en échange de leur liberté et de terres promises si l’Empire gagnait la guerre. Une grande partie de ces réfugiés noirs se sont installés à Willow Grove et Loch Lomond. Des endroits qui font aujourd’hui partie de Saint-Jean.

Abolition de l’esclavage

Un peu plus tard, en 1833, l’esclavage sera complètement aboli au Nouveau-Brunswick. Entre l’arrivée des Loyalistes noirs et l’abolition de l’esclavage, le mouvement religieux des quakers était le meilleur allié des Noirs. En effet, ce mouvement prônait le respect et le traitement équitable de ceux-ci. En refusant aux colons propriétaires d’esclaves de s’installer dans leurs terres, comme à Beaver Harbour au sud de la province, les quakers ont été pionniers dans la reconnaissance de leurs droits.

Après ces deux mouvements migratoires importants et l’abolition de l’esclavage au Nouveau-Brunswick, une femme du nom de Harriet Tubman a joué un rôle majeur dans l’arrivée d’autres citoyens noirs dans la province. Née esclave dans le Maryland, elle a permis, aidée par les quakers, à de très nombreux Afro-Américains de s’échapper des États-Unis. Ces derniers on pu pour venir s’établir ici à partir de 1849 en utilisant clandestinement le réseau ferroviaire. Harriet Tubman a libéré tellement d’esclaves, incluant ses parents, que les autorités américaines et les propriétaires d’esclaves ont offert des primes sur sa tête. Ces primes totalisant 50 000$, ce qui équivaut aujourd’hui à plus de 1 million de dollars ! Ses exploits lui ont d’ailleurs valu d’être surnommée «la Moïse noire».

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