Véritable projet-phare de la communauté francophone de Saint-Jean, le Médisanté est à la fois synonyme de résilience et de croissance.
«Médisanté, c’est nous qui en avons été l’étincelle», explique Michel Côté, directeur général de l’Association Régionale de la Communauté francophone (ARCf) de Saint-Jean. L’histoire remonte à une quinzaine d’années, alors que l’ARCf, à la suite de sondages auprès de la population francophone de Saint-Jean, avait clairement identifié que les gens souhaitaient des soins de santé en français.
L’ARCf travaillait sur un projet d’agrandissement concernant le Centre Samuel-de-Champlain. Des salles avaient été identifiées. À l’époque, il y avait eu des discussions avec le ministre de la Santé d’alors, Michael Murphy. L’argent avait été donné pour de l’achat d’équipement. Tout était en place pour une nouvelle clinique. «À ce moment-là, il restait à voir qui allait l’opérer. On a hésité entre un médecin privé et la Régie de santé Horizon. Mais suite à la réforme du ministre Murphy, on a décidé de faire un partenariat avec la Régie de santé Horizon.»
Les débuts, toutefois, ont été modestes. Michel Côté se rappelle, qu’à l’époque, il n’y avait pas de médecin, juste un infirmier, la première année. C’était principalement la promotion de la santé qui était faite. Le nom a d’ailleurs été changé de Médicentre à Médisanté.
Un défi linguistique et communautaire
L’organisme avait un objectif clair: offrir un service en français, même dans un contexte anglophone majoritaire. «On volait un peu sous le radar pour s’assurer que les francophones aient accès aux services, raconte M. Côté. Si un francophone venait, toute sa famille pouvait en bénéficier, même si certains membres étaient anglophones.»
En 2024, plus de 4000 patients sont suivis au centre, une croissance exponentielle depuis les débuts à «zéro». Au fil du temps, le centre de santé est passé d’un statut régional «à un centre de santé à priorité linguistique», comme l’explique le DG. Aujourd’hui, on compte cinq personnes permanentes dont une docteure à temps plein, deux infirmières praticiennes auxquelles viennent se greffer notamment une diététicienne, une travailleuse sociale et une pharmacienne.
Le défi reste de faire venir des travailleurs de la santé dans un contexte majoritairement anglophone. Pauline Babineau, directrice des langues officielles pour le Réseau santé Horizon, concède que ce n’est pas toujours évident. Elle qui est native de la région de Saint-Jean admet qu’il faut être créatif. Elle donne pour exemple une initiative qui a eu lieu il y a quelques années grâce au Centre cardiaque du Nouveau-Brunswick qui avait nolisé un autobus afin de faire venir des étudiants en santé de l’Université de Moncton, afin de leur faire découvrir la communauté francophone locale. «Cela leur a permis de voir qu’il est possible de vivre en français à Saint-Jean.»
Si Mme Babineau n’a pu confirmer si l’initiative avait su attirer des gens à Saint-Jean, en revanche, elle est convaincue qu’il est essentiel d’être entreprenant au niveau du recrutement. «Il ne suffit pas de publier une annonce d’emploi et d’espérer pour le mieux. Il faut être proactif, créer des liens avec les universités et même recruter des groupes d’amis pour qu’ils s’installent ensemble. Ça renforce le social.» Cela aide évidemment à intégrer les nouveaux arrivants et à renforcer leur sentiment d’appartenance.
Des besoins en santé mentale et des projets à venir
Malgré le succès des quinze premières années, Michel Côté ne fait pas une croix quant à la possibilité d’avoir d’autres types de soins. La santé mentale en est un. Avoir un ou une psychologue francophone, «ce serait l’idéal», selon M. Côté. Un ou une orthophoniste serait aussi souhaitable.
Selon l’administrateur, il est également temps que Médisanté envisage des succursales dans les régions périphériques de Saint-Jean. Voir des mini centres comme Médisanté partout sur le territoire serait possible? Pourquoi pas! Car selon M. Côté les gens veulent être soignés en français.
Bien que la loi oblige de donner partout au Nouveau-Brunswick des services bilingues, y compris dans le domaine de la santé, ce n’est pas toujours le cas, constate M. Côté. Certes, le Réseau de santé fait son possible pour donner des soins bilingues. Mais faute de ressources, c’est parfois difficile. Cependant, Michel Côté est d’avis qu’il faut continuer de travailler avec la province pour voir «comment on peut mieux répertorier les données pour pouvoir mieux cibler nos interventions» auprès de la communauté francophone. Ces nouvelles antennes pourraient-elles voir le jour en 2025? «On est très optimiste depuis qu’il y a eu les élections. On a d’ailleurs une rencontre prévue au début de la nouvelle année avec le nouveau ministre de la Santé, qui s’exprime d’ailleurs très bien en français et qui est de la région de Saint-Jean. Je crois que nous aurons une oreille attentive», de conclure avec optimisme Michel Côté.
À lire aussi: Un nouveau service et un nouveau visage pour le Médisanté
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