Comme minorité francophone, le manque de ressources dans notre langue a souvent été un sujet abordé. Cet enjeu se prononce encore plus pour une communauté doublement minoritaire : la communauté des francophones transgenres.
Pour les personnes trans, celles qui s’identifient comme un genre différent que celui assigné à leur naissance et qui souhaitent transitionner vers leur identité, il est déjà très difficile d’entreprendre les démarches. Ricky McIntyre, un clinicien privé qui offre du counseling pour les personnes LGBTQ2AS+, raconte:
«Ça prend des lettres, ça prend des références à des médecins spécialisés. Ce sont des mois, des années d’attente pour avoir accès à l’hormonothérapie. Et même au niveau des lettres et des sessions de counseling pour les gens trans, ce n’est pas défrayé par le système public».
Ces personnes vivent un phénomène qui s’appelle la dysphorie du genre, soit un inconfort majeur causé à ceux qui ne vivent pas l’identité de genre à laquelle ils s’identifient. La méthode la plus fréquente pour traiter cet inconfort est de transitionner vers une vie et un corps qui correspond plus à comment la personne s’identifie. L’hormonothérapie est la première étape de transition du corps. Ce traitement consiste à prendre des hormones plus présentes dans le corps de leur sexe désiré pour aider leur corps à transitionner. Cette prise d’hormones développe des caractéristiques sexuelles secondaires chez la personne. Par exemple, des changements de voix et une barbe pour la testostérone et une redistribution des matières grasses pour l’œstrogène. Ceci permet d’aider les gens à développer une apparence plus masculine ou féminine, selon leur choix.
Un processus de transition laborieux
Quoiqu’avoir le support d’un professionnel de la santé puisse donner l’impression d’être fourni par le secteur public, il est toutefois nécessaire d’obtenir des références du secteur privé, souvent à ses propres frais. Ceci peut inclure plusieurs rencontres avec des psychologues, des références à d’autres docteurs et des gens peuvent avoir à attendre très longtemps avant de commencer des procédures de transition.
Alors, déjà avec les défis qui s’offrent aux personnes trans, comment les francophones transgenres trouvent-ils ceci? McIntyre explique que:
«Les services en français, ils sont très peu nombreux dans la province et pour écrire des lettres qui soutiennent la démarche de chirurgie ou d’hormonothérapie, on en a encore moins de francophones […] Moi, j’ai souvent des références d’ailleurs dans la province parce qu’il y a très peu de services».
Et en particulier, à Saint-Jean, les services privés qui peuvent rédiger les lettres de recommandation sont minimes. McIntyre affirme:
«À ma connaissance, à Saint-Jean, il y a juste moi qui fait des évaluations et qui les fait en français, mais après ça, les endocrinologues à Saint-Jean et Fredericton sont [unilingues] anglophones, et à Moncton je pense qu’elle parle en français. […] ce qui fait qu’il y a très très peu d’accès en français».
Ceci s’est récemment empiré avec la fermeture partielle et la mise en vente de la clinique 554 à Fredericton qui offrait des sessions d’hormonothérapie. Alors, dans ce contexte, il est particulièrement difficile d’obtenir des services en français dans ces services déjà hautement spécialisés. Certains professionnels vont utiliser des lignes de traduction pour accommoder leurs patients, une situation qui n’est pas idéale.
Lisez aussi: Une communauté LGBTQ2SA+ francophone peu visible à Saint-Jean
Photo: La Clinique 554. Crédit: Acadie Nouvelle.
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