L’itinérance à Saint-Jean: des organismes se mobilisent

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André Magny

Journaliste

Dans la foulée du tragique incendie du campement pour sans-abris survenu en janvier dernier à Saint-Jean, des conteneurs maritimes ont été installés sur la rue Waterloo grâce à l’organisme Kaléidoscope Social Impact (KSI). Est-ce une solution à long terme?

Les conteneurs de Kaléidoscope Social Impact sont divisés en deux unités pour une personne chacune. Crédit: gracieuseté de Kaléidoscope Social Impact.

L’objectif principal de KSI est d’aider les individus, les organismes et les communautés à augmenter leurs actifs et à accroître ainsi leur autonomie par notamment une formation en entrepreneuriat.  Son directeur général et cofondateur Seth Asimakos explique que cette mission se réalise en proposant des prêts «pour aider les gens à démarrer une entreprise ou les promoteurs à construire des logements. Et nous y parvenons en construisant des logements abordables et des espaces communautaires.»

En ce qui concerne la mise en place des six conteneurs, le projet remonte à décembre 2023. Chaque conteneur a été divisé en deux unités pouvant contenir une personne voire deux, s’il s’agit d’un couple. Le triste hasard a fait qu’ils soient sans doute installés plus tôt que prévu sur les terrains de Kaléidoscope. Coûtant chacun 15 000$, «nous n’avions pas l’argent nécessaire pour les acheter et les modifier, raconte M. Asimakos. Nous avons reçu l’aide du Conseil du développement humain et du Fonds d’urgence Vers un chez soi.»

Avec le soutien d’un autre organisme, Fresh Start Services, ayant pour mandat de réduire la pauvreté et l’itinérance en offrant support, éducation et défense des intérêts à ceux et celles qui s’adresse à l’organisme de la rue Waterloo, les conteneurs ont ainsi permis un abri sûr et sécurisé avec de l’électricité à des personnes qui en avaient vraiment besoin.

Il s’agit toutefois d’un projet pilote comme le spécifie M. Asimakos: «Nous espérons que d’ici quatre ou cinq mois, les conteneurs seront acheminés vers un autre site, propriété de la ville ou de la province, doté des ressources appropriées.» Pour Amélie Vautour, la directrice de Fresh Start Services, «les structures chauffées sont préférables aux tentes; elles sont moins inflammables et elles ont l’électricité en plus.»

Une panacée au manque de logements, les conteneurs?

C’est clair que pour les intervenants interrogés, les conteneurs sont mieux que des tentes ou des abris de fortune en carton. Mais pour le directeur de Kaléidoscope, «il faudra au moins une décennie pour construire suffisamment de logements pour répondre aux besoins croissants. Et cela doit être associé à un contrôle des loyers et à un soutien aux personnes souffrant de maladie mentale et de toxicomanie.»

Le sujet est complexe et interpelle les gouvernements. D’après Mme Vautour, ceux qui ont connu l’itinérance de façon chronique, soit plus de trois mois, doivent être accompagnés lorsque s’effectue la transition vers un logement fixe. «Avec l’aide d’un personnel qualifié, ils doivent réapprendre les habiletés et les comportements nécessaires pour garder leur logement.»

Si selon le directeur de KSI, «la Ville de Saint-Jean dispose de certaines ressources», en bout de ligne, les principaux outils «doivent provenir des gouvernements provincial et fédéral, car ils disposent de ressources en matière de logement.»

Sa collègue de Fresh Start Services le rejoint dans son analyse: il faut s’assurer qu’il existe des options de logement abordables pour les personnes vivant dans la pauvreté. Mais pour cela, il faudra sans doute avoir des emplois plus nombreux et mieux rémunérés, de l’avis de Seth Asimakos. «Les travailleurs pauvres ne peuvent pas se permettre de payer les augmentations de loyer. Un salaire décent doit être établi.»

«L’itinérance est une situation complexe» comme le rappelle Mélanie Vautour. Il est important que le gouvernement et les organismes locaux s’attaquent aux différentes causes menant vers l’itinérance. La Stratégie nationale sur le logement lancée en 2019 par le gouvernement Trudeau vise à favoriser «un logement sécuritaire, stable et abordable; et réduire l’itinérance chronique de 50 % d’ici 2027-2028.» S’il y a encore loin de la coupe aux lèvres, comme le précise Seth Asimakos, «afin de faire une différence, nous devons travailler ensemble».

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