En 2019, avant le début de la pandémie, 340 000 résidents permanents ont été admis au Canada. Seuls 3 % d’entre eux étaient d’expression française à l’extérieur du Québec, soit moins de 10 000. C’est un peu mieux que ce qui existait entre les années 1981 et 2011, où on en a reçu entre 1,7 % à 2 % d’immigrant d’expression française. Entretemps, la proportion de la population d’expression française née au pays a diminué de 5,9 % à 4,5 %.
Statistique Canada a créé une manière de calculer, à savoir: quel est le choix de la première langue officielle parlée, hors Québec (PLOP)? Sans entrer dans les détails des critères utilisés pour arriver à leurs chiffres, l’organisation a établi des données qui démontrent certaines tendances. Depuis 1969, l’année de la loi des langues officielles fédérale, ses politiques ont institué des directives pour tenter de maintenir ou augmenter le nombre de francophones, hors Québec. Avec les recensements, depuis 1971, nous avons des chiffres qui peuvent être colligés, analysés et nous pouvons évaluer les succès ou les non-succès de ces diverses interventions.
En 2003, le gouvernement du temps a développé le Cadre stratégique pour favoriser l’immigration au sein des communautés francophones en situation minoritaire. On souhaitait contrer la baisse démographique francophone par cette voie, en ciblant une entrée de 4,4 % de nouveaux arrivés. La cible initiale devait être atteinte en 2008, mais fut reportée à 2023. Les raisons pour ce changement sont multiples et complexes et nous ne nous attarderons pas sur ce point dans ce texte.
Des cibles loin d’être atteintes
Force est de constater que les résultats ne sont pas reluisants jusqu’à maintenant selon le Commissariat aux langues officielles du Canada: «La proportion d’admission (sic) de résidents permanents d’expression française admis à l’extérieur du Québec est passée de 1,2 % en 2001 à 2,6 % en 2020» (p. 42). Et le seuil de 2 % n’a été atteint qu’en 2019! La pandémie a diminué les chiffres globaux, on verra ce que la période postpandémique offrira.
Et qu’en est-il du Nouveau-Brunswick? Quand on regarde l’écart entre le nombre total de citoyens d’expression française, la province «arrive en queue de peloton. Alors que 22,9 % des francophones à l’extérieur du Québec habitaient dans cette province au moment du recensement de 2016, le Nouveau-Brunswick n’a accueilli que 5,8 % (un déficit de -17,1 %) des résidents permanents d’expression française sur 20 ans» (p.48). Les provinces à l’ouest du Québec, dont l’Ontario (62,8 %/53,8 % = + 9 %), l’Alberta (11,6 %/7,8 % = + 3,8 %) et la Colombie-Britannique (10,1 %/6,3 % = + 3,8 %) font meilleure figure. Ça fait un manque estimé de 119 656 résidents, pour le Canada, et 10 160 pour le Nouveau-Brunswick.
À lire aussi: Nouvelles cibles d’immigration: et les francophones?
Rejoindre les allophones
On doit comprendre que la composition immigrante se diversifie avec le temps. Les familles nous arrivent de pays autre qu’anglophone ou francophone. Ce qui fait en sorte que nous avons de plus en plus de gens qui s’installent parlant une autre langue que les deux officielles. Cette réalité enrichit notre communauté, mais le défi que ça nous présente est que la grande majorité de ces nouveaux venus adoptent l’anglais comme langue communautaire. C’est la réalité à Saint-Jean.
Une analyse plus approfondie du recensement 2021 doit encore se faire. Le rôle de la ville, des acteurs communautaires et de l’ARCf dans l’attraction et de la rétention des nouveaux arrivants francophones est nécessaire. Comme indiqué par M. David Dobbelsteyn, directeur de croissance à la ville de Saint-Jean, «la communauté francophone doit s’étirer à l’extérieur de sa communauté» pour aller chercher les regroupements francophiles.
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