En 2022, un sondage de l’Université Dalhousie, en partenariat avec la firme Angus Reid, dévoilait que plus de 60% des consommateurs canadiens tenaient encore à la date de péremption apposée sur certains aliments. Il semble toutefois que les gens sont de plus en plus enclins à acheter des aliments qui dépassent le fameux seuil du «meilleur avant».
Récemment, une personne a critiqué un commerce d’Edmundston sur les réseaux sociaux pour avoir vendu des aliments qui dépassent la date de péremption, aussi connue, au Canada, sous le nom de date limite de conservation.
Cette critique a rapidement été adressée par la propriétaire qui a essentiellement expliqué qu’un commerce peut vendre des produits qui dépassent cette date, dans la mesure où les clients sont mis au courant.
«Beaucoup de gens apprécient ça parce qu’ils payent moins cher et ça ne leur dérange pas! Je ne vendrai jamais de quoi que je ne mangerais pas, c’est clair (…) Le vrai scandale, c’est le gaspillage alimentaire! Jeter de la bouffe encore bonne à la consommation, c’est grave, pas le fait qu’on te vende un pot de Cheez Whiz passé date à 2$», peut-on lire dans la réponse de la commerçante.
Selon le directeur du Laboratoire en sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, Sylvain Charlebois, cette tendance vers l’achat d’aliments dont la date de péremption est dépassée, ou en voie de l’être, est de plus en plus populaire.
Avec la hausse constante du prix des aliments, ce que M. Charlebois a surnommé le sauvetage alimentaire est un phénomène de plus en plus répandu au Canada. En d’autres mots, les gens sont moins craintifs à l’idée d’acheter ce type de produits en rabais.
Un autre rapport réalisé en 2022, sous la direction de Sylvain Charlebois, note d’ailleurs que la région des provinces de l’Atlantique a le pourcentage le plus élevé de consommateurs qui achètent des aliments dont la date de péremption approche (29%).
Des dates et des rabais
D’un autre côté, les marchands développent aussi, selon M. Charlebois, un nouveau marché composé de consommateurs de plus en plus consciencieux de leur budget.
La venue de nouvelles applications numériques comme Food Hero, Flash Food et Too Good To go, qui permettent aux gens de réaliser des économies en achetant notamment des produits qui approchent ou dépassent la date de péremption, est un exemple de cette ouverture sur ce nouveau marché.
Alors que dans certains pays, des commerces ont tout simplement décidé de retirer ladite date pour certains produits, au Canada, la culture assez forte en ce qui concerne la date de péremption ne permet pas encore ce type de virage, selon Sylvain Charlebois.
«Les gens apprécient la date de péremption, parce qu’ils savent que ça leur donne la chance d’avoir accès à des rabais assez intéressants.»
Une importance qui varie
Dans une autre enquête réalisée par l’Université Dalhousie, il est mentionné que l’attachement à cette fameuse date de péremption varie grandement d’une catégorie d’aliment à une autre.
Par conséquent, 73% des Canadiens sondés ont indiqué qu’ils consultent toujours les dates de péremption des produits laitiers. Seuls 32% consultent les dates des aliments emballés et des denrées non périssables. Les femmes et les consommateurs plus âgés sont plus enclins à toujours regarder les dates de péremption.
L’enquête a aussi permis de déterminer que 44% des Canadiens ont déjà acheté un produit alimentaire à prix réduit pour lequel la date de péremption était dépassée et que 78% ont avoué avoir déjà consommé des aliments après que la date de péremption ait été dépassée. Cependant, une proportion de 65% des gens a révélé avoir jeté des aliments non ouverts parce que leur date de péremption était dépassée.
Sylvain Charlebois croit tout de même qu’il est important de respecter la date de péremption, même s’il existe une marge de manœuvre selon le produit consommé. Celui-ci recommande aux consommateurs d’être particulièrement à l’affût des aliments de nature animale, comme la viande et les produits laitiers, étant donné qu’ils comportent plus de risque de causer des intoxications alimentaires.
«Les grands commerçants de l’alimentation font souvent attention de ne pas vendre des aliments qui dépassent la date de péremption. Ils sont souvent gelés et envoyés aux banques alimentaires.»
Toutefois, tant qu’une entreprise affiche clairement aux consommateurs qu’un aliment vendu a dépassé sa date de péremption, il est possible pour elle de le faire.
«Pourvu que l’on ne change pas les dates pour induire le consommateur en erreur, c’est acceptable», a ajouté M. Charlebois.
Date «meilleur avant», date d’emballage et date limite d’utilisation
L’Agence canadienne d’inspection des aliments indique qu’il n’est pas interdit de vendre certains aliments après la date de péremption, mais qu’ils pourraient perdre une partie de leur fraîcheur, de leur saveur et de leur valeur nutritionnelle. Éventuellement, leur sécurité alimentaire peut être affectée.
De plus, elle ne s’applique qu’aux aliments qui n’ont pas été ouverts. Une fois qu’ils le sont, leur durée de conservation peut changer.
Selon l’Agence canadienne d’inspection des aliments, la date de péremption, souvent identifiée avec le terme «meilleur avant», permet d’indiquer combien de temps un produit alimentaire non ouvert et adéquatement entreposé conserve sa fraîcheur, son goût, sa valeur nutritionnelle, ou toute autre caractéristique déclarée par le fabricant.
Si le produit non ouvert a été manipulé adéquatement, il devrait conserver sa qualité jusqu’à cette date, même si elle ne garantit pas la salubrité des aliments. Elle fournit plutôt de l’information sur la fraîcheur et la durée de conservation des aliments achetés.
Par conséquent, les aliments dont la durée de conservation est égale ou inférieure à 90 jours, sauf les fruits et les légumes frais et certains autres produits, doivent avoir une date «meilleur avant» ou une date d’emballage, selon l’endroit où ils ont été emballés et vendus.
Celle-ci se distingue de la date d’emballage qui ressemble à la date «meilleur avant», mais qui est utilisée pour les aliments emballés chez le détaillant qui ont une durée de conservation de 90 jours ou moins. Elle doit aussi être accompagnée de l’information sur la durée de conservation, soit sur l’étiquette ou sur une affiche située près de l’aliment.
Il existe également la date limite d’utilisation qui n’est exigée que pour certains aliments – préparations pour régime liquide ; aliments présentés comme étant conçus pour un régime à très faible teneur en énergie ; substituts de repas ; suppléments nutritifs ; et préparation pour nourrissons – qui répondent à des normes rigoureuses en matière de composition et de nutrition et qui pourraient ne plus y répondre après la date limite d’utilisation.
On ne doit pas acheter, vendre ou consommer un aliment après sa date limite d’utilisation.
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