L’Acadien du Nouveau-Brunswick Victor Boudreau prépare son entrée au Sénat. Il estime que les causes qui lui tiennent à cœur, son dévouement à la francophonie et sa feuille de route politique guideront le travail qu’il entend faire dans son nouveau rôle.
Le 28 juin, Victor Boudreau a été nommé sénateur indépendant pour représenter le Nouveau-Brunswick.
Il a été député et ministre à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick et chef intérimaire au Parti libéral du Nouveau-Brunswick. Il a ensuite été vice-président de l’entreprise d’affaires publiques et de markéting m5. Depuis mars 2023, il est directeur général de la Ville de Shediac.
Cette nomination vient combler tous les sièges du Sénat en Atlantique. Les neuf sièges au Sénat encore vacants à l’heure actuelle se trouvent en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario, au Nunavut et au Québec.
Francopresse s’est entretenu avec Victor Boudreau au sujet de sa nomination et de ses aspirations.
Francopresse : Au Nouveau-Brunswick, vous avez été ministre des Finances, du Développement économique, de la Société de développement régional et de la Santé, tous des portefeuilles particulièrement importants pour les francophones. Selon vous, quelles seront vos priorités pour les francophones de tout le Canada?
Victor Boudreau : Étant un représentant du Nouveau-Brunswick – la seule province bilingue au Canada – et étant un sénateur francophone acadien, j’ai un devoir de porter une attention particulière à toutes les questions entourant les langues officielles, la francophonie, la culture acadienne et francophone à l’extérieur du Québec. C’est quelque chose que j’ai toujours fait durant ma carrière.
Les francophones sont minoritaires, alors on doit constamment être aux aguets pour être certains que nos droits et nos libertés sont protégés. Je vais certainement continuer à jouer ce rôle au Sénat, mais cette fois-ci pour l’ensemble de la province, en sachant aussi que ça peut avoir un impact sur les minorités francophones ailleurs au Canada également.
Que dites-vous à ceux qui craignent que votre passé politique libéral influence votre travail législatif?
Je pense que ceux et celles qui me connaissent et qui ont suivi mon parcours politique savent que je ne suis pas un partisan aveugle. J’ai toujours travaillé avec les autres partis politiques lorsque j’étais député et lorsque j’étais ministre. J’ai toujours travaillé avec des personnes.
Je me considère un peu comme un rassembleur. Si la cause est bonne, on va se rallier, on va travailler ensemble pour la faire avancer.
J’ai probablement autant d’amis conservateurs et NPD et Parti vert qui m’ont félicité depuis ma nomination que d’anciens collègues libéraux. J’ai toujours eu cette réputation-là. Je pense que les gens qui me connaissent savent que je vais faire mon travail de façon juste et claire envers tout le monde, peu importe le parti politique.
Vous avez étudié à l’Université de Moncton. Vous êtes surement bien au fait des difficultés auxquelles font face les établissements postsecondaires francophones hors Québec. Croyez-vous en la nécessité d’une stratégie nationale sur le postsecondaire, comme le demande la sénatrice franco-ontarienne Lucie Moncion?
À première vue, ce n’est certainement pas une mauvaise idée. Je ne suis pas au courant des détails, alors je ne vais pas me prononcer de façon très spécifique. Je vais quand même prendre le temps de m’orienter, de connaitre les dossiers et les enjeux. Ça fait quand même six ans que je ne suis plus politicien au Nouveau-Brunswick. Je suis l’actualité, mais j’avais quand même pris un certain recul.
L’idée derrière une stratégie comme celle-là, je pense que c’est certainement important. Il faut continuer à offrir l’enseignement postsecondaire aux francophones du Canada à l’extérieur du Québec, il n’y a aucun doute sur cette question.
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De manière générale, quels dossiers vous tiennent à cœur?
Je n’ai pas voulu, jusqu’à date, me prononcer sur des projets de loi ou des dossiers spécifiques, parce que je veux prendre le temps d’apprendre le rôle et le fonctionnement du Sénat.
Mais c’est certain que pour moi, dans ma carrière, les causes sociales ont toujours été importantes. Beaucoup de gens que j’ai représentés à l’Assemblée législative sont, par exemple, des employés saisonniers. Les questions sociales comme le logement abordable, les sans-abris et le cout de la vie sont tous des dossiers qui ont toujours été importants pour moi.
Les causes économiques sont aussi importantes, parce que ce sont elles qui payent pour les programmes sociaux. Alors il faut toujours essayer d’équilibrer les deux.
Aussi, étant Acadien, c’est certain que les questions culturelles et de langues officielles seront importantes pour moi.
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Compte tenu de votre affiliation antérieure au Parti libéral du Nouveau-Brunswick, comment vous sentez-vous à l’idée de faire partie du Groupe des sénateurs indépendants?
Depuis 2016, tous les nouveaux sénateurs font leur entrée en tant qu’indépendants, et des regroupements se sont faits à l’intérieur du Sénat au fil des années. Jusqu’à date, je n’ai pas choisi de quel regroupement j’allais faire partie. Je veux quand même prendre le temps de connaitre ces trois groupes-là, leurs représentants et leurs idéologies avant de décider.
À un moment donné, probablement que je déciderai de rejoindre un des trois groupes.
Dans une tentative de réduire la partisanerie à la Chambre haute, Justin Trudeau a annoncé que les sénateurs libéraux ne seraient plus affiliés au Parti libéral du Canada. Le Parti conservateur du Canada (PCC) n’a pas emboité le pas.
Au Sénat, outre les sénateurs affiliés au PCC, il y a des sénateurs non affiliés ainsi que des sénateurs affilés au Groupe des sénateurs indépendants, au Groupe des sénateurs canadiens ou au Groupe progressiste du Sénat.
Et si un groupe de parlementaires acadiens se forme, en ferez-vous partie?
Je ne savais pas qu’un groupe de parlementaires acadiens se formait, mais si oui, c’est certain que je vais y participer.
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Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.
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