La techno et les sages 7

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Rodrigue Hébert

Facilitateur communautaire
rodrigue.hebert@arcf.ca

Devant de beaux objets, nous avons des tendances à les regarder, les toucher et les acheter. Le lèche-vitrine existe depuis plus d’un millénaire. Les anciens Romains en faisant autant avec leurs spectacles de gladiateurs et les courses à chariot. 250 000 spectateurs se braquaient les yeux sur une épreuve de quatre équipes de chevaux qui se compétitionnaient pour les honneurs du jour. Des milliers de gageurs misaient sur l’équipe qui allait sortir vainqueur. Des centaines de kiosques offraient à tous et toutes des souvenirs, de la nourriture, des bibelots, etc. 

Plus ça change, plus c’est pareil! Les compétitions sportives, les concerts musicaux, les manifestations politiques observent des rituels très similaires. Le but est d’accumuler des sous…

Les pièges à clics

Dans l’ère du numérique, les suggestions sont beaucoup plus précises. Les commerçants utilisent le monde virtuel pour offrir leurs biens et services. On vous incite à cliquer des boutons: Clickbait ou pièges à clics. C’est toujours de la publicité, mais la différence est que selon vos choix, donc ce que vous cliquez, le contenu web qui passe devant vos yeux sera personnalisé. Si vous cliquez sur un article qui vous parle du ski alpin, vous aurez probablement de la publicité d’une station de ski, de magasins pouvant vous approvisionner en équipement de ski et de toutes sortes de promotions entourant des voitures qui peuvent vous amener à la station comme telle. De plus, ça vous pointera vers les commerçants locaux ou en ligne qui peuvent vous vendre les biens et les services nécessaires pour cette escapade.

Les créateurs de ce contenu cherchent à attirer vos doigts vers le bouton avec des slogans accrocheurs ou des images captivantes. On cherche à atteindre vos émotions et vos sentiments. On ne cherche ni l’exactitude ni la qualité. Le nombre de clics est le motivateur essentiel, puisque c’est ce chiffre qui donne des résultats financiers. Les réseaux sociaux sont les grands utilisateurs de cette approche, mais ils ne sont pas les seuls.

Quel est le principe directeur? Sachez qu’on veut exploiter la curiosité humaine. «Les clickbaits fournissent assez d’information pour éveiller la curiosité des gens (,) mais pas assez pour la combler, afin d’inciter les gens à cliquer sur le lien associé pour en savoir plus.» (Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pi%C3%A8ge_%C3%A0_clics#cite_note-Thompson2013-8)  On veut que vous continuiez à cliquer. On utilise donc des titres : « le Top 10… le 5e est incroyable », « Vous ne croirez jamais ce qui arrive à… » avec des photos aguichantes.

Un fléau quasi impossible à éradiquer

Depuis plus d’une décennie maintenant, les internautes sont au courant de cette démarche. Plusieurs dénoncent celle-ci comme un moyen subversif d’attirer des clients. Mais elle est tellement présente dans l’environnement virtuel qu’il est quasi impossible de la faire disparaître.

Pourquoi est-ce important? En 2018, le journal Le Monde avait identifié un informaticien français, Johann Fakra, qui avait mené un réseau d’une trentaine de sites clickbait de désinformation. On y circulait des fausses nouvelles sur toutes sortes de complots. La santé était une des cibles favorisées par cette organisation: ex. Alter Santé, Le Mag Santé, À ta bonne santé, Osons rêver d’un monde meilleur… Ces sites sont gérés par des personnes qui veulent faire un profit. Aucun n’a un spécialiste en médecine. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/11/13/ca-doit-se-savoir-alter-sante-libre-info-un-seul-homme-derriere-un-reseau-de-desinformation_5382951_4355770.html  Ceci n’est qu’un exemple, il y en a beaucoup d’autres. On connait tous des personnes dans nos entourages qui sont prises dans ce vortex virtuel.

Comme on peut le constater, les pièges à clics rendent service aux créateurs de ce contenu, mais souvent n’offre très peu pour le consommateur. Il y a tout de même des organisations qui utilisent cette technique pour de bonnes causes: aider les gens en situation de pauvreté, sauver l’environnement, etc.

Que devons-nous faire? Soyez aux aguets. Si vous connaissez l’organisation, vous pouvez cliquer si ça vous chante. Mais soyez prudent, il y a des imitateurs dans le milieu. On peut se retrouver dans des «trous de lapins», comme nos amis anglophones disent, et ça peut prendre du temps avant qu’on en sorte.

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