La techno et les sages 3

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Rodrigue Hébert

Facilitateur communautaire
rodrigue.hebert@arcf.ca

Un téléphone intelligent est-il un téléphone « intelligent » ? (suite de la réflexion)

Dans ma dernière chronique, j’explorais les bienfaits du téléphone « intelligent ». Cette merveille technologique nous guide, nous garde à l’heure, nous réveille, nous divertit, nous informe et nous facilite la vie de multiples façons impressionnantes.

Or, il ne faut jamais oublier les bémols qui lui sont rattachés. Tout le plaisir et l’utilité qu’il nous fournit viennent avec un prix, au-delà du coût d’achat et d’abonnement aux services de téléphonie. Nous sommes traquées par les sociétés multinationales telles que Google, Apple, Microsoft, Facebook, etc. Nous sommes les gibiers de ce monde virtuel. (Je ne parle pas des arnaqueurs et des pirates du web, quoiqu’ils soient présents également)

Comprendre la différence entre confidentialité et vie privée

La confidentialité est ce qu’une entreprise promet de faire avec vos renseignements personnels. Elle va protéger les données selon les critères établis par leur politique. Ce qui peut vouloir dire qu’elle va partager vos données avec des acteurs précis, habituellement à l’intérieur de leur organisation, mais souvent avec des groupes externes également. Dans la sphère des services publiques, les médecins et les enseignants exercent des responsabilités légales et morales à respecter votre confidentialité. Dans la sphère des entreprises privées, ces mêmes obligations existent.

La différence entre les deux est l’utilisation de ces données.  Dans le premier cas, c’est pour l’accompagnement de la personne dans les démarches qu’elle doit suivre. L’enseignant veut appuyer tes apprentissages; le médecin t’accompagne vers une meilleure santé. Dans le second cas, c’est pour faciliter la vente de biens et de services du fournisseur, mais également pour fournir une qualité d’expérience supérieure.

La vie privée touche ce que vous voulez partager avec le public ou avec autrui. Il est fort probable que vous partagiez certaines informations seulement avec votre médecin. D’autres renseignements vous le propagez à qui veut l’entendre. La ligne entre le privé et le public est très floue.  C’est dans cette zone où l’on peut se mettre dans le trouble. Nous pouvons être ciblés.

Comment la loi nous protège-t-elle?

Si nous sommes gibiers, qui sont les chasseurs ? Les multitudes d’entreprises qui cherchent à nous vendre ou nous intéresser à leurs produits, à leurs missions, à leurs causes ou à leurs idées. Cette réalité fait en sorte que nous devons surveiller notre vie privée.

Quand on regarde la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDE), on y précise les 10 principes à respecter par les entreprises dans ce domaine. Survol de la LPRPDE — Commissariat à la protection de la vie privée du Canada. On y inclut, entre autres, la responsabilité, le consentement et les différents aspects de la collecte d’information.

La question de consentement

En parlant de consentement, maître Alexandre Plourde, avocat et analyste pour l’organisation Option consommateurs au Québec, nous explique que dans la LPRPDE, « il y a 2 types de consentement (…) il y a un premier type de consentement qui sera implicite. » Le second « est explicite ». Le consentement implicite dans un contrat est une clause qui est incluse dans le contrat de manière discrète, alors que celui qui est explicite est porté à l’attention du client.

Qu’est-ce qui détermine s’il est implicite ou explicite ? Essentiellement, selon maître Plourde, le degré de sensibilité de l’information caractérise cette décision. Comme vous pouvez le constater, après réflexion, cet aspect peut paraître arbitraire ou subjectif.

De plus, quand vous avez des entreprises multinationales, telles que Facebook et Google, qui ramassent des renseignements personnels constamment, la question de consentement devient très complexe. « Quand Google, quand Facebook recueillent des données sur moi, elles recueillent des renseignements personnels sur moi au sens de la loi fédérale (LPRPDE). » rajoute maître Plourde. Donc cette loi s’applique.

Ça nous laisse quand même avec un dilemme. Est-ce que cette loi est suffisante pour nous protéger ? La réponse courte est « non ». Nous devons consulter les politiques de confidentialité, les pratiques de protection de renseignements privés et de partage de renseignements. C’est compliqué !

Quelques questions à se poser

Quelle est la conclusion de cette réflexion ? Cet appareil accrocheur, addictif et emballant nous permet d’explorer des mondes réels et fictifs d’une manière constante et sans limites. C’est là où la sagesse entre en jeu. Nous devons utiliser notre jugement, notre expérience et notre « pensez-y-bien » avant d’appuyer ou cliquer sur un lien qui semble nous intéresser. Encore une fois, on doit se poser des questions fondamentales.

  1. Si je clique ici, est-ce que je vais apprécier, est-ce que ça va me servir ? (Cliquer sur une publicité est un « pensez-y bien! »)
  2. Si j’envoie ce texto, est-ce que je vais le regretter plus tard ? (En passant, ne jamais envoyer un courriel, un message sur Facebook ou un texto quand vous êtes fâchés ou sur un coup de tête, les répercussions peuvent prendre une ampleur inattendue et non voulue.)
  3. Est-ce que le site me demande des informations personnelles (ex. : carte de crédit/débit) ? Les sondages en ligne sont des manières à communiquer de l’information à des vendeurs de produits. Ça paraît anodin, mais il y a un but de markéting derrière la plupart des sondages.
  4. Dans tous ces cas, que fait le site avec mes informations personnelles ? Est-ce que je suis confortable avec ça?

Le téléphone intelligent nous amène dans des aventures web intrigant, enjôlant et captivant. Ça vaut la peine de respirer un ou deux coups avant de cliquer sur tous les liens. Soyez un-e consommateur-rice averti-e!

Ne manquez pas la suite: La techno et les sages 4

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