La médaille (deuxième partie)

Cet article suit la chronique qui a paru en mai 2021 qui était intitulée La médaille et disponible ici.

Après la guérison de Simonne et Émile, la nouvelle de la médaille se propagea. Petit à petit, des gens de partout venaient pour des guérisons du cancer, de problèmes d’intestins, et bien d’autres. Émile les écouta, puis se retira dans sa chambre, retournant quelques minutes plus tard, personne n’entendit ce qu’il faisait, mais tous comprirent qu’il priait. Presque tous ceux qui allaient le voir lui offraient de l’argent pour les guérisons, mais Émile n’acceptait aucune rémunération. Il les dirigea plutôt tous à envoyer un petit deux dollars ou une lettre à l’Oratoire remerciant le Frère André.

Les temps ne furent pas toujours faciles. Ils eurent trois enfants qui perdirent la vie jeunes: Alphonse, Liliane et Annette, mais ils ne perdirent pas leur foi. D’autres enfants s’ajoutèrent à leur famille, Fernand, puis Henri, plus tard France, puis Eva et la cadette Docile. Tous furent à la fois émerveillés de voir autant de monde convoquer leur père et parfois même un peu stupéfiés d’entendre autant de gens jurer d’avoir été guéris. Pour eux, le Frère André était comme un membre de leur famille.

Émile fut choyé d’une bonne santé, mais comme tous, rendu à un âge avancé, sa santé devint plus fragile. Lors d’une grosse tempête d’hiver, Émile tomba, mais refusa d’aller voir son médecin de famille. Inquiète, Alma convoqua leur fille, Thérèse pour essayer à son tour de convaincre Émile de faire ainsi. Thérèse argumenta fermement que si ce ne fut les vœux du Frère André qu’elle soit là, elle n’aurait certes pas eu la force de conduire en pleine tempête pour lui venir en aide. L’argument du Frère André porta fruit.

Après près d’une soixantaine d’années de travail auprès du Frère André, Émile fut diagnostiqué de cancer et amené à l’hôpital de Miramichi. Il fut prescrit de la morphine pour contrôler son mal, mais insista ne pas en avoir besoin. Reposant tranquille dans son lit, Émile continua de recevoir tous ceux qui venaient le voir sur son lit de mort. Les médecins et les infirmèrent furent perplexes de voir autant de gens remplir les corridors de l’hôpital venant convoquer Émile pour des guérisons ou lui remercier pour les avoir aidés auparavant. Nul put comprendre comment Émile pouvait faire sans morphine pour contrôler le mal.

Les funérailles d’Émile Leblanc furent l’une des plus grandes que sa communauté ait vu. La médaille du Frère André fut confiée à son épouse Alma, mais malgré sa foi, elle fut incapable d’accomplir des guérisons. Au décès d’Alma, un an plus tard, ses enfants décidèrent de poser la médaille dans ses mains afin qu’elle la retourne à leur père. Aux funérailles d’Alma, Monseigneur Donat Chiasson nota non seulement les milliers guérisons miraculeuses de la médaille, mais l’amour dont Émile et Alma avaient l’un pour l’autre ainsi que le support et le travail d’Alma, dont peu s’étaient rendu compte, et ce qui permis à Émile d’en faire autant.