Justice sociale et égalité au cœur de la campagne dans Saint-Jean Ouest-Lancaster

Dans Saint-Jean Ouest-Lancaster, l’archaïque règle grammaticale affirmant que le masculin l’emporte sur le féminin ne s’applique pas, car toutes les personnes s’y présentant sont des candidates!

Malheureusement, à l’instar de ses collègues masculins, Kim Costain du Parti Progressiste-Conservateur s’illustre par son silence. Aucun signe de vie à nos demandes répétées pour une entrevue ou pour répondre à nos questions par courriel.

Heureusement, Joanna Killen du Parti vert et Kate Wilcott du Parti libéral, qui avaient été aussi sollicitées, se sont prêtées aimablement au jeu.

Selon Joanna Killen du Parti vert, après des années où les gouvernements libéraux et conservateurs se sont succédé, «nous avons besoin d’une nouvelle façon de gouverner». Crédit: Gracieuseté.

En ce qui concerne la première, elle a notamment attiré les regards lorsqu’elle a été suspendue à l’automne de 2023 par le conseil municipal de Saint-Jean, après avoir pris position en faveur de la grève des employés municipaux. Pas banal pour une conseillère. «Cette expérience a façonné ma compréhension des droits du travail et de la défense des intérêts des travailleurs. Ce sera sans aucun doute un atout pour moi en tant que députée à Fredericton.»

Et pourquoi les Verts, Mme Killen? «Parce que c’est continuer à se battre pour la justice sociale, économique et environnementale. C’est s’assurer que tous les membres de notre communauté ont une voix à la table des décisions. Nous avons besoin de représentants qui s’opposent aux inégalités et œuvrent en faveur de solutions durables pour tous.»

Quant à la seconde, Kate Wilcott, elle est issue du monde des arts. Elle est la coordonnatrice des arts et de la culture pour la ville de Saint-Jean. Depuis 25 ans, elle participe au développement communautaire grâce à sa carrière comme artiste, enseignante, productrice ou comme fondatrice de l’InterAction School of Performing Arts à Saint-Jean.

Elle fait d’ailleurs une analogie entre la politique et les arts de la scène. «Les arts sont un moyen de raconter des histoires, qu’il s’agisse d’histoires personnelles ou d’histoires d’une communauté. Ce que j’ai découvert en participant à la campagne électorale, c’est que la plupart des gens, indépendamment de leurs opinions politiques, veulent simplement être entendus et vus, et que leur histoire soit racontée. Les gens souffrent et demandent du changement. En tant que députée, mon rôle serait de les défendre, de les représenter et de raconter leur histoire.»

Les défis pour Saint-Jean Ouest-Lancaster

«Je donnerais la priorité à la justice sociale et à l’égalité», affirme haut et fort Joanna Killen. Et comment? Par des logements notamment. «J’aimerais qu’au moins 500 nouveaux logements abordables, accessibles et durables soient construits dans la région de Saint-Jean Ouest-Lancaster au cours des prochaines années.» Pour sa part, Kate Wilcott assure qu’un gouvernement libéral, dirigé par Susan Holt, mettra en chantier 30 000 nouvelles habitations d’ici 2030. Mais en parallèle avec ces nouvelles constructions, elle parle aussi de financer des travaux de rénovation «en matière de sécurité et d’accessibilité pour les personnes âgées et les personnes handicapées, afin qu’elles puissent rester chez elles.»

Si Mme Killen est prête à saluer la conviction des conservateurs de mettre de l’avant la croissance économique, elle l’appliquerait cependant «sous l’angle de la durabilité et de l’équité sociale.» Une croissance économique au service de la protection de l’environnement, c’est, selon elle, «la garantie que la prospérité est partagée par tous, et pas seulement par les plus riches.»

La vision des femmes

Est-ce le propre des femmes en politique de mettre de l’avant l’humain plutôt que les allègements fiscaux, «qui peuvent sembler attrayants, mais laissent souvent les services essentiels sous-financés», comme le soutient Joanna Killen ?

Coordonnatrice des arts et de la culture pour la ville de Saint-Jean, Kate Wilcott apporte avec sa candidature 25 ans d’expérience communautaire au sein de la communauté de Saint-Jean Ouest-Lancaster. Crédit: Gracieuseté du Parti libéral du Nouveau-Brunswick.

En ayant comme priorités les soins de santé, l’éducation, et les personnes âgées, Kate Wilcott est d’avis que «si nous plaçons les gens au premier plan et si nous leur assurons une bonne qualité de vie, nous nous en porterons tous mieux.»

Chacune semble mettre de l’avant l’être humain au cœur de ses préoccupations durant cette campagne. Les deux candidates s’entendent d’ailleurs pour dire qu’il faut «s’opposer aux discours haineux et à la désinformation, en particulier lorsqu’ils visent des communautés vulnérables comme des personnes transgenres, comme l’explique Joanna Killen. La division ne fait que nuire au tissu de notre société.» De son côté, Kate Wilcott se demande « comment un candidat peut soutenir un premier ministre qui s’en prend ainsi aux enseignants, aux parents et aux enfants », en faisant référence aux fameux dépliants envoyés dans les foyers néo-brunswickois par l’organisme Campaign Life Coalition.

Deux partis différents, mais le même désir d’élever le débat. La candidate libérale se rappelle d’ailleurs que lorsqu’elle était enfant, elle avait été influencée par deux femmes de son entourage: sa voisine Jane Barry, députée libérale et ministre sous le gouvernement de Frank McKenna, et sa cousine, la sénatrice conservatrice, Erminie Cohen. «Elles appartenaient à des partis différents, mais leur intention de servir et d’être responsables était la même. En ayant ces femmes fortes comme modèles, j’ai vu la politique comme quelque chose que je pouvais faire aussi. Plus il y aura de femmes en politique, plus les jeunes filles y verront une possibilité.»