Immigration francophone: «On ne faisait pas bien notre travail»

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Marianne Dépelteau

Journaliste

Face à une francophonie inquiète de son sort, le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, envisage d’augmenter la cible d’immigration francophone hors Québec à 6 %. Un chiffre encore insuffisant pour la FCFA.

Marc Miller souhaite mettre en place des «objectifs réalisables». Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse.

La cible de 4,4 % d’immigration francophone hors Québec établie en 2003 a été, comme le rappelle Marc Miller, «difficilement atteinte» en 2022.

«Grosso modo, la cause principale, c’est qu’on ne faisait pas bien notre travail et la priorité n’était pas là», reconnait le ministre de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) en entrevue avec Francopresse.

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«Je sais la façon dont on a procédé pour s’assurer qu’il y ait cette immigration au Canada, que ce soit dans les volets économiques, rapprochement familial, ou dans le cas des demandeurs d’asile et des réfugiés, ajoute-t-il. Il n’y a jamais eu une vraie emphase sur la langue.»

Lors d’une réunion du Comité permanent des langues officielles, le 4 octobre, le ministre a annoncé qu’il envisageait une prochaine cible de 6 %.

Marc Miller se donne un an pour voir ce qu’il est possible de faire et mettre les mécanismes nécessaires en place. Atteindre 6 %, «ça va être difficile», prévient-il. «Je ne suis pas confiant qu’on va pouvoir l’atteindre pour l’instant.»

Un poids démographique à la baisse

Au cours de l’été, les francophones en situation minoritaire ont appris que leur poids démographique était en chute libre partout au pays.

D’après une étude de Sociopol, pour maintenir le poids démographique actuel des francophones hors Québec d’ici 2036, il faudrait fixer la cible d’immigration francophone dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) à au moins 8 %.

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«Ni suffisante, ni acceptable»

La présidente de la FCFA, Liane Roy, insiste sur un minimum de 8 % d’immigration francophone hors Québec. Photo : Courtoisie FCFA

Mais cette nouvelle cible ne représente que la moitié des 12 % que demande la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA). Un objectif avec lequel Marc Miller dit être en accord, mais qui n’est pas réalisable actuellement selon lui.

«Les propos du ministre Miller sur ses intentions en termes de nouvelles cibles en immigration francophone ne rassurent pas la FCFA», a déclaré Liane Roy par communiqué.

Pour la présidente de la FCFA, «une cible de 6 % en matière d’immigration francophone ne serait ni suffisante, ni acceptable».

«Il n’y a pas de système mécanique qui puisse me donner l’assurance que je puisse répéter [l’atteinte de la cible], quitte à vouloir l’augmenter à 6 %, 7 %, 8 %, ce que je veux bien», s’est défendu Marc Miller en entrevue.

Manque de mécanismes

Selon lui, IRCC manque de mécanismes nécessaires pour atteindre des cibles plus ambitieuses, notamment pour attirer plus de francophones d’Afrique, d’Haïti, de la Belgique ou de la France.

Le ministre n’a pas été plus précis sur les mécanismes manquants, mais assure vouloir fixer des objectifs plus ambitieux dès que possible.

«On a beaucoup de talent au sein du ministère. Pour moi, il s’agit […] de leur donner la capacité de pouvoir me présenter des options qui vont être réalisables pour ce seuil.»

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Le ministre souhaite donc accorder la prochaine année aux fonctionnaires d’IRCC pour leur permettre d’atteindre les cibles de la francophonie canadienne. «Les politiciens font des promesses et n’ont pas nécessairement le talent de les remplir, admet-il. Le talent se situe à l’intérieur de la fonction publique.»

«Ayant eu l’expérience d’un ministère qui s’était fixé des objectifs très ambitieux dans les enjeux autochtones surtout, je connais l’impact que ça peut avoir de rater des objectifs», poursuit l’ancien ministre des Relations Couronne-Autochtones.

En vertu de la loi

Comme l’a rappelé Liane Roy en entrevue avec Francopresse, la Loi sur les langues officielles (LLO) reconnait l’importance du rétablissement du poids démographique des minorités francophones au niveau auquel il était lors du recensement de la population de 1971, à savoir 6,1 % de la population à l’extérieur du Québec.

La nouvelle loi reconnait l’importance de l’immigration francophone pour atteindre cet objectif et comprend une politique en la matière.

C’est pour cette raison que Liane Roy insiste sur un minimum de 8 % pour la prochaine cible : «Il faut absolument qu’il y ait un 8 % quelque part dans la vision du ministre pour nous démontrer qu’il est sérieux et qu’il est conséquent avec la nouvelle Loi sur les langues officielles.»

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