Exploitation de l’uranium: quels sont ses effets sur l’environnement?

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Rodrigue Hébert

Facilitateur communautaire
rodrigue.hebert@arcf.ca

Ces derniers mois, le gouvernement provincial parle de petit réacteur nucléaire personnel pour créer une autonomie énergétique. Tel que rapporté par Radio-Canada en avril 2021, le gouvernement cherche à décarboniser son énergie. Il explore le développement de petits réacteurs modulaires (PRM). L’Université du Nouveau-Brunswick recevait récemment des panélistes discutant des effets néfastes de l’uranium et du pouvoir nucléaire.

Le Dr Gordon Edwards est président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire (RSN). Cette organisation est dévouée à l’éducation et à la recherche sur tous les enjeux entourant l’énergie nucléaire (civile, comme militaire) sur le territoire canadien. Le Dr Edwards a présenté l’uranium comme un «shape-shifter» ou un élément subissant des métamorphoses, des changements drastiques. Cet élément radioactif se transforme en plusieurs autres éléments encore plus radioactifs. Il existe trois façons de transformer l’uranium en produit extrêmement dangereux:

  • Mines: progéniture encore plus radioactive
  • Réacteurs nucléaires: produits de fission
  • Armes nucléaires: actinides transuraniens (en d’autres mots, les éléments hautement radioactifs qui ont les numéros atomiques 89 à 103)

L’extraction de l’uranium

L’histoire de la création de la bombe nucléaire ou atomique est assez bien connue; ce qui est moins bien compris est le rôle du Canada dans ce récit. Notre pays est le plus grand producteur et exportateur d’uranium. Depuis les années 1930, nous exportons cet élément autour du monde. Pour ce faire, nous minons ce métal partout au pays, mais surtout sur des territoires autochtones. Le processus d’extraction est très hasardeux. Nous savons depuis 1931 que la manipulation de l’uranium était très dangereuse. Selon un document du «Department of Mines» de 1931, les conséquences de son maniement pouvaient inclure le cancer des poumons, la nécrose des os ou l’anémie rapide.

De plus, pour extraire l’uranium de la roche, on devait utiliser des liquides toxiques, tel que l’acide sulfurique pour isoler le métal. Les déchets produits par cette opération ont laissé des nappes phréatiques, des lacs, des étangs brulés et contaminés. Un témoignage de Mme Lorraine Rekmans au panel de l’Université du Nouveau-Brunswick a souligné les effets ressentis par sa communauté de la région d’Elliot Lake, en Ontario. Elle est membre de la Serpent River First Nation et présidente du Parti Vert du Canada.

Elliot Lake était nommé la capitale mondiale de l’uranium, mais dans les années 1990, on changea le fusil d’épaule. Les effets néfastes de l’extraction de l’uranium se faisaient sentir par la communauté autochtone pour deux raisons importantes. La population de sa réserve avait travaillé les mines et les déchets de celles-ci se retrouvaient dans les lacs et la nappe phréatique de la région. Or, les 12 mines avaient détruit 10 lacs. Et on a construit 64 barrages pour retenir les effluents des lacs qui recouvrent les «tailings», le résidu du minerai contaminé! Pour l’instant, les Grands Lacs ne sont pas affectés, mais les communautés de la région d’Elliot Lake sont laissées avec un héritage dévastateur. Et, la demi-vie de cette radioactivité est de 76 000 années!

Comment ceci affecte-t-il le Nouveau-Brunswick ?

Selon l’activiste et la candidate occasionnelle aux élections provinciales et fédérales Ann McAllister, les gouvernements sont épris par le lobby nucléaire: «Les gouvernements ne consultent pas à l’extérieur du monde de ce lobby. Celui-ci est très puissant».  Elle ajoute que plusieurs anciens de l’industrie travaillent dans les bureaux des gouvernements fédéraux et provinciaux.

  • Les vraies solutions selon Mme McAllister se trouvent dans les éléments suivants:
  • Améliorer l’efficacité énergique en rénovant toutes les habitations
  • Une meilleure gérance des énergies renouvelables
  • Une meilleure gérance des énergies entreposées
  • La création d’un réseau SMART afin d’harmoniser et de mieux déployer l’énergie produite.
  • S’assurer que le réseau hydro-électrique national soit la sauvegarde du réseau entier

Enfin, il existe des solutions au nucléaire.  Mme McAllister, Mme Rekmans et Dr Edwards souhaitent que le public les écoute parce que, selon eux, notre futur n’est pas rose.

À lire aussi: Petits et grands réacteurs nucléaires, quelles différences?

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