Pour ceux qui n’aiment le commerce en ligne, est-ce possible d’acheter des livres en français dans la région de Saint-Jean? Constat après enquête : il faut savoir où chercher et les enfants ont un meilleur accès à de la littérature francophone que les adultes.
Selon Google Map et une visite des lieux indiqués, il y aurait seulement six endroits vendant des livres neufs ou usagés dans la région: Indigo – East Point, Coles – McAllister Mall, Scheherazade Books & Music, Dave Shoots Bookseller, Loyalist City Coins & Books et la boutique du Musée du Nouveau-Brunswick.
Deux volets composaient l’enquête: est-ce possible de trouver des livres en français dans ces magasins? Si oui, offrent-ils des ouvrages réalisés par des auteurs francophones locaux? Parmi tous les endroits visités, seulement deux ont passé le test. En tout, il n’y avait que deux livres d’auteurs locaux de disponibles.
Une offre limitée
Le Indigo – East Point, la plus grande librairie de la région, comptait une étagère de livres pour adultes et trois pour les enfants. La section jeunesse était riche en ouvrages pour différentes tranches d’âge, mais n’offrait aucun titre local. La section adulte, difficile à trouver (photo du haut, Crédit: Jonathan Poirier), offrait des livres génériques tels que des biographies, des livres d’histoire canadienne et quelques romans. Cependant, il a été possible de trouver quelques copies de Modifié de Sébastien Chauzu.
L’autre endroit où il a été possible de trouver des livres en français est la boutique du Musée du Nouveau-Brunswick. Celle-ci a une collection d’ouvrages historiques et une section jeunesse. Chaque section offre des livres offerts dans les deux langues officielles de la province. On peut trouver Petit Picot de Natasha Pilotte parmi les livres pour enfants. Une employée de la boutique a ajouté que le musée prend les suggestions pour inclure davantage d’auteurs d’ici.
Pour ce qui est de Scheherazade Books & Music, Dave Shoots Bookseller et Loyalist City Coins & Books, ce sont des endroits offrant des livres antiques ou d’occasion. Selon les employés de ces magasins, il n’y aurait pas assez d’offre et de demande de livres en français pour être capable d’avoir un inventaire à offrir. Du côté de Coles– McAllister Mall, une franchise appartenant à Indigo, aucun titre en français est en inventaire. Les employés disent qu’il faut aller au Indigo – East Point si on veut en acheter.
Réactions d’auteurs locaux
Après avoir effectué la recherche, les résultats de l’enquête ont été partagés avec Natasha Pilotte, Eric Kennedy et Sébastien Chauzu. Ceux-ci sont déçus et peu surpris de l’absence de leurs ouvrages en magasin.
«Oui c’est bien difficile de trouver des livres en français même si la demande est là. Ce sont souvent des traductions que l’on y retrouve, ce qui est très dommage étant donnée la proximité de maisons d’édition francophone qui font des livres de qualité, ici en Atlantique, en pensant par exemple aux éditions Bouton d’or Acadie. C’est important de voir les auteurs locaux sur les tablettes, en magasin. Mais il y a encore du chemin à faire pour que les livres francophones soient plus accessibles dans la région.»
– Natasha Pilotte
«J’ai essayé à plusieurs reprises d’être ajouté dans la section «auteurs locaux» chez Indigo, et sans succès toutes les fois. On m’a dit à la fin que c’était Toronto qui décidait, mais c’est une défaite facile. Je pense plutôt qu’ils ne considèrent pas qu’un auteur francophone de Saint-Jean est «local». Je trouve honteux que les livres francophones soient cachés derrière des murs ou difficiles à trouver. Mais c’est aussi un peu la loi du marché. Tant que les gens vont commander en ligne ou n’encourageront pas les auteurs d’ici, nous n’aurons pas de visibilité dans les librairies d’ici.»
– Eric Kennedy
«Même si mon livre est surtout destiné à un public qui vit en France, mon livre s’est bien vendu à Saint-Jean et à Moncton. Il est en réapprovisionnement automatique suite à ces ventes régulières. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un problème de vente. J’ai longuement discuté avec les deux managers d’Indigo Saint Jean et Moncton et j’ai réalisé qu’ils aimeraient faire plus pour le public francophone. Malheureusement, j’ai aussi compris à travers les conversations que les employés ne lisaient pas en français. Certains le parlent, mais n’estiment pas avoir un niveau suffisant pour apprécier un roman francophone. Il est difficile d’imaginer un bon conseil, mais aussi un désir de promouvoir des livres qu’ils ne connaissent pas. Je pense que la présence de libraires francophones pourrait améliorer cette situation.»
– Sébastien Chauzu
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