À la taverne irlandaise Cask and Kettle à Saint-Jean, un mur affiche (traduit) “Les Français l’ont trouvé, les loyalistes l’ont fondé, les Irlandais l’ont bâti.”. Comme francophones, il est beau de se voir faire reconnaitre comme ça. En effet, d’expériences personnelles à l’histoire, les Irlandais ont souvent été sympathiques aux Acadiens. En ce jour de la Sainte-Patrick, c’est une belle occasion de revisiter la relation entre Acadiens et Irlandais.
Après la déportation des Acadiens, on a vu plusieurs années de discrimination anti-catholique en Acadie. Par exemple, on ne pouvait pas posséder de terre ou voter tant que l’on ne renonçait pas à notre foi catholique. À une époque où l’Église Catholique était le plus grand pouvoir politique des Acadiens et où la religion était beaucoup plus importante, il était hors de question pour les Acadiens d’abandonner leurs principes.

Chaque bateau qui venait à Saint-Jean de l’Irlande était directement envoyé à l’île Partridge en quarantaine de cette maladie. L’île n’était pas bien préparée pour tous les immigrants qui étaient en route au Canada; environ 1847 Irlandais y ont été confinés. Crédit: Jonathan Poirier.
Quand des immigrants catholiques irlandais et écossais sont arrivés vers la fin du 18e siècle, on a eu une assez grande population pour gagner des droits. En 1786, on a eu le droit d’ouvrir des écoles catholiques et d’enseigner aux enfants. On a gagné aussi le droit de vote en Nouvelle-Écosse en 1789, au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard en 1810. Cependant, le droit de vote des femmes est officiellement banni entre 1836 et 1851.
Or, à partir de 1845, la famine a poussé plusieurs Irlandais à émigrer hors de l’île et les maritimes se sont soudainement trouvés avec une beaucoup plus grande population catholique. Ceci a donné beaucoup plus de pouvoir en nombre aux catholiques, dont les Acadiens qui formaient surtout la population ouvrière. Par contre, ceci est venu avec un coût. Les Irlandais, quoique des anglophones étaient aussi beaucoup discriminés. Ainsi, les Irlandais voulaient prendre toute occasion au pouvoir qu’ils trouvaient, tout comme les Acadiens. Alors, quand la population irlandaise a grandi, ils ont commencé à dominer le clergé de l’Église.
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Puisque la religion était parmi les plus grands pouvoirs politiques à cette époque, les Acadiens voulaient des prêtres ou évêques francophones et les Irlandais voulaient des prêtres ou évêques anglophones. Du coup, quand venait le temps de choisir de nouveaux chefs religieux, des tensions montaient souvent entre les Acadiens et les Irlandais.
En 1893, Pascal Poirier et Pierre-Amand Landry, deux des Acadiens les plus influents de l’époque, ont commencé une campagne pour qu’un prêtre acadien soit choisi comme vice-évêque dans l’évêché de Saint-Jean. Cependant, en 1899, l’église a choisi un Irlandais. Peu après avoir appris la nouvelle, un journaliste lui a demandé s’il allait se rendre voir la cérémonie de sacre du prêtre. Pierre-Amand Landry a répondu: “Je ne veux pas assister aux funérailles du peuple acadien”. Or, en 1912, on a obtenu le premier évêque acadien Édouard Leblanc au diocèse de Saint-Jean.
Des valeurs communes
Les Acadiens et les Irlandais ont tout de même historiquement travaillé ensemble, étant tous les deux de la classe travaillante catholique. Par exemple, la division entre le parti libéral et le parti conservateur s’est traditionnellement faite selon si l’on était catholique ou protestant. De plus, il y a eu de nombreux mariages entre Irlandais et Acadiens.
Même aujourd’hui, l’Irlande partage plusieurs traits culturels avec les Canadiens français, dont les Acadiens: parler franc, la solidarité avec les peuples colonisés, une influence celtique dans la musique, un esprit de bon vivant et un scepticisme des monarchies. Les relations entre les deux cultures sont en constante évolution et il est le devoir des deux communautés de continuer nos traditions d’entraide et de solidarité.
Aujourd’hui, les Irlandais ont souvent un respect de solidarité pour les acadiens, que cela vienne à leur effort à apprendre le français ou leur appréciation de notre éthique de travail.
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