À la recherche du loyer abordable

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André Magny

Journaliste

Dans la foulée du récent budget du Nouveau-Brunswick, la question du logement à Saint-Jean soulève des points d’interrogation. Facile ou difficile de se loger à prix raisonnable?

D’après Matthew Hayes, porte-parole de la Coalition pour les droits des locataires, il ne fait pas de doute que l’accessibilité à des loyers raisonnables fait défaut. «Depuis 2015, on voit une diminution du taux de vacance», explique l’activiste. Selon lui, 6 000 foyers néo-brunswickois attendent pour des logements sociaux. Pourtant, d’après M. Hayes, le gouvernement a donné des permissions à des entrepreneurs de démolir des appartements afin de reconstruire du locatif plus cher comme ce fut le cas avec la démolition de l’ancien bâtiment du magasin Woolworth à Saint-Jean par Percy Wilbur.

À Saint-Jean et les environs, d’après les chiffres donnés par le ministère du Développement social, il y a 3 397 logements abordables, ce qui comprend les logements sociaux du gouvernement plus des unités de logement avec suppléments au loyer du secteur privé. Selon un rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le prix moyen d’un appartement à Saint-Jean en 2021 était de 847 $.

Du soutien possible

Il faut savoir que le gouvernement du Nouveau-Brunswick peut aider au financement d’un loyer. Le directeur des communications à Développement social Robert Duguay explique la procédure. Il y a d’abord une liste d’attente pour avoir accès à un logement abordable. Une fois l’appartement trouvé, la SCHL émet un avis concernant le tarif que peut demander un propriétaire, en fonction, par exemple, de la grandeur du logement. La personne bénéficiaire de cet appartement paiera alors un loyer en fonction de son revenu, soit 30 % de celui-ci. Le gouvernement s’engagera auprès du propriétaire à lui verser mensuellement le reste du loyer.

Face aux intentions du gouvernement, contenues dans le budget 2022-2023, de réduire de 50 % les impôts fonciers sur les biens non occupés par le propriétaire (y compris les immeubles d’appartements et les autres propriétés locatives), Matthew Hayes regrette qu’il n’y ait rien de concret concernant une plus grande accessibilité aux logements pour les locataires. Selon lui, en privilégiant le financement de projets privés pour des logements sociaux au lieu d’être véritablement le maître d’œuvre de parcs locatifs, le gouvernement ouvre tout simplement la porte à «un transfert d’argent vers le privé», précise Matthew Hayes.

Des propriétaires satisfaits, mais…

Bien qu’il nous ait été impossible de joindre un promoteur comme Percy Wilbur, le président de l’Association des propriétaires d’appartements du Nouveau-Brunswick, Willy Scholten, qui représente entre 60 et 70 % des propriétaires d’unités de logement de la province, accueille favorablement cette réduction de 50 % des impôts fonciers. En raison d’une double taxation, soit municipale et provinciale, M. Scholten, qui est aussi directeur financier chez Colpitts Development, considère que les taxes pour les propriétaires sont deux fois et demie plus élevée au Nouveau-Brunswick que dans le reste du Canada. À cela s’ajoutent des frais de construction qui ont augmenté de 30 % en raison de la pandémie.

De plus, puisque le dernier budget mentionne un plafonnement de la hausse des loyers à 3,8 % pour 2022, avec effet rétroactif au 1er janvier 2022, Willy Sholten considère que ce plafond «causera des problèmes majeurs aux propriétaires». Bien sûr, ils s’y plieront puisque c’est la loi, mais à savoir si cela est équitable, «pas du tout», rétorque-t-il.

Une solution?

Afin de favoriser l’agrandissement du parc immobilier, le budget du gouvernement Higgs prévoit un investissement de 6,3 millions $ de plus dans le logement abordable cette année. Est-ce suffisant? Pour Matthew Hayes, l’essentiel est que le gouvernement élargisse son parc immobilier, qu’il cesse de voir le logement abordable «comme une charité sociale», mais qu’il se voit plutôt «comme un investisseur institutionnel».

Dans la foulée des bonnes nouvelles, le Saint-Jeannois a appris de source sûre qu’un projet de 37 unités dans la région de Saint-Jean a reçu des fonds pour des unités de de logement abordable dont 19 bénéficieront de suppléments de loyer. Certes le projet n’a pas encore été dévoilé, mais il devrait l’être dans les prochains mois.

À lire aussi: Saint-Jean renoue avec la croissance selon le Recensement de 2021

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